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CNRS - La préservation des grottes nécessite de ne pas ouvrir au public (06/07/06)

Grottes ornées : ne pas entrer !

Une étude du CNRS préconise de ne pas ouvrir les grottes préhistoriques au public

Lionnes de la Grotte ChauvetCertes, c'était un peu évident, mais la récente étude du CNRS sur la préservation de l'art rupestre confirme qu'une grotte ornée doit rester fermée au public si l'on souhaite vraiment protéger les oeuvres.

Un équilibre fragile
Une grotte c'est d'abord une hygrométrie, une température, des échanges gazeux avec l'extérieur qui combinent la composition spécifique de l'air de chaque grotte. C'est généralement cette alchimie particulière qui a permis de conserver les représentations rupestres pendant plusieurs milliers d'années.

Une grotte ouverte c'est le déséquilibre assuré !
L'ouverture d'une grotte aux visites du public perturbe tout cet équilibre...
- l'air rejeté par les visiteurs modifie le taux de gaz carbonique
- la température de la grotte peut également être perturbée par la chaleur dégagée par l'homme
- les visiteurs peuvent amener des champignons ou des microbes de l'extérieur.

Des grottes à protéger...
L'étude recommande particulièrement de protéger les grottes de Chauvet et de Lascaux. Si la grotte Chauvet n'a jamais été ouverte au public, Lascaux a, elle, subi les assauts des visiteurs et en subit encore les conséquences.

Voir aussi :
Danger, la grotte de Lascaux toujours menacée par un champignon...
La grotte de Vilhonneur, découverte, et fermeture
La grotte Margot, découverte de parois ornées de 45 représentations

Sources :
La news sur le site du CNRS
voir le texte ci-dessous




Des grottes bien à l'abri

De récents résultats confirment la nécessité de ne pas rendre accessibles au grand public les grottes-patrimoines, Chauvet et Lascaux.

Que faire pour que la grotte Chauvet conserve intactes ses peintures rupestres, vieilles de 30 000 ans et découvertes un beau soir d'hiver 1994 ? Peut-on agrandir sans risques l'entrée, exiguë et souterraine, du site pour le rendre accessible aux spécialistes de la préhistoire ?

C'est au Laboratoire de Moulis, plateau technique de la Fédération de recherche en écologie toulousaine 1, que le ministère de la Culture a tout d'abord posé ces questions et qu'il a ensuite confié la surveillance du lieu. Dix ans après avoir formulé ses premières préconisations - maintenir le confinement de la grotte et veiller à son équilibre thermodynamique 2 -, l'équipe du laboratoire, associée au bureau d'études Géologie, environnement, conseil 3, confirme ses choix. Car « une grotte, c'est avant tout une usine chimique très complexe et dynamique, creusée dans le massif calcaire », explique Alain Mangin, qui a « depuis trente ans le nez collé à la paroi ».

La particularité de ce milieu ? Une impressionnante stabilité des températures, de l'humidité et de la teneur en gaz carbonique (CO2). « C'est le cas à Chauvet, où, poursuit le physicien, l'air affiche invariablement 12,9 °C, avec toutefois des variations de quelques centièmes de degrés. » Ce que cela signifie ? Que la moindre variation trahit un déséquilibre du système ! Or, c'est l'état d'équilibre qui garantit l'exceptionnelle conservation des peintures préhistoriques. Ainsi, les chercheurs surveillent de très près les températures de la roche, de l'air, de l'eau - celle qui s'écoule et celle en stagnation -, les taux d'hygrométrie (voisin de 100 %), de CO2 (jusqu'à 3 %), de radon 4 et la pression atmosphérique. Tous ces paramètres, aussi importants les uns que les autres, renseignent sur les échanges de Chauvet, milieu confiné mais pas hermétique, avec l'extérieur.

Les chercheurs ont calculé les perturbations artificielles : la chaleur d'un visiteur - 55 kilocalories en moyenne émises en une heure - et celle de l'éclairage. Ces données leur ont servi à déterminer le seuil au-delà duquel la grotte n'assimile plus les changements : 109 visiteurs par jour sur une durée de une heure mais 38 seulement si ceux-ci stationnent une heure au même point lors d'une descente de deux heures. Autres éléments de réponse nécessaires à l'aménagement de la grotte : ne pas modifier la couverture végétale extérieure, qui protège contre l'infiltration des eaux. Ensuite, limiter l'agrandissement de la chatière d'accès à 0,70 m de haut et 0,30 m de large, ce qui laisse la possibilité de passer à quatre pattes tout en maintenant le débit d'air initial à 30 l/s 5.

Bref, l'ensemble reste d'une telle complexité qu'on ne peut le modéliser. Par ailleurs, pour Alain Mangin, « il est illusoire de vouloir traiter une paroi car on ne peut l'isoler du massif rocheux. De même, toute intervention pour modifier le milieu semble dangereuse. » On a pourtant déjà entrepris de pomper le CO2 en excès à Lascaux. Mais sans connaître l'état naturel de la cavité, cela peut avoir des effets pervers. Au final, tous les indices scientifiques confirment que l'accès du public à ces grottes-patrimoines ne pourra jamais être possible.

Magali Sarazin

1. Laboratoire CNRS / Université Toulouse-III / INP Toulouse / Inra.
2. Par l'étude des échanges entre les diverses formes d'énergie, des états et des propriétés de la matière, des transformations d'état et des phénomènes de transport.
3. Dirigé par François Bourges : Consulter le site web
4. L'uranium, lors de sa désintégration, produit du radon en quantité constante.
5. L'air est totalement renouvelé en 3 heures.

CONTACT
Alain Mangin
Fédération de recherche en écologie de Toulouse
alain.mangin@lsm.cnrs.fr


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Grotte Chauvet


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