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A l’heure où la réplique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, en Ardèche, remporte depuis son ouverture le 25 avril dernier un succès populaire spectaculaire (plus de 100 000 visiteurs en deux mois), le très beau film de Constance Ryder consacré à l’artiste-fresquiste Monique Peytral, réalisé en 2014 et récemment édité en DVD, tombe véritablement à pic. On y observe en effet, avec étonnement et admiration, de quelle façon ingénieuse et courageuse cette femme à l’énergie et au tempérament résolument optimistes a inventé, dans les années 1970 avec ses deux collègues sculpteurs Bernard Augst et Pierre Weber, les techniques de base de la restitution de l’art pariétal… Techniques toujours employées de nos jours, avec bien-sûr des améliorations technologiques, par les plasticiens, artistes et ingénieurs qui répliquent les grottes ornées de Lascaux, Chauvet ou Niaux.
A l’époque de Monique Peytral, il s’agit de réussir le pari du fac-similé Lascaux II, destiné à permettre au public d’admirer à nouveau les chefs-d’œuvre polychromes magdaléniens, dont il est privé depuis 1963 pour raisons de conservation et protection. Il faut voir Monique et ses collègues plier des tiges métalliques, projeter des ciments et des bétons, sculpter les volumes patiemment après les avoir longuement mesurés et observés, puis enfin déposer sur les parois factices les pigments qui vont leur donner éclat et vie, pour réaliser à quel point cette entreprise harassante, de dix années et autant d’efforts et sacrifices, fut fondatrice… Le succès populaire ininterrompu de Lascaux II depuis son inauguration en 1983, au point de justifier l’érection d’une nouvelle réplique à proximité (Lascaux IV, prévu pour 2016), constitue bien-sûr le plus bel hommage qui puisse être rendu au travail des trois pionniers, rejoints au début des années 1980 par une équipe plus nombreuse.

Pedro Lima, journaliste et auteur.