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Neandertal mon frère - Silvana Condemi - François Savatier - Editions Flammarion

Néandertal mon frère
300 000 ans d’histoire de l’homme
Silvana Condemi, François Savatier
Illustrations de Benoît Clarys


Grand prix du livre d’archéologie 2017
Néandertal n’a jamais disparu !



Néandertal, mon frère - Condemi




Présentation de l'éditeur

Les amants de Vérone version préhistorique... C’est ainsi qu’en 2013 la presse saluait la découverte majeure de l’auteure : l’identification du premier os appartenant à un métis de père sapiens et de mère néandertalienne. La génétique l’avait annoncé, la paléoanthropologie le confirmait : Homo néandertalensis et Homo sapiens ont mélangé leurs cultures, mais aussi leurs gènes sur le même territoire européen, et ce pendant plus de 5 000 ans.
Mais alors qui est Néandertal ? Moins un singe repoussant qu’un roux à la peau diaphane ? Moins un charognard qu’un chasseur génial qui maîtrisait le langage et vénérait déjà ses morts ? Se pourrait-il qu’il soit encore parmi nous ? Bouleversée par l’irruption de méthodes inédites, notre histoire ancienne se récrit très vite, avec des surprises de taille. Dans cette passionnante enquête, les auteurs dressent le portrait le plus actuel de notre étrange ancêtre et passent en revue les multiples hypothèses sur sa disparition présumée. Ce faisant, ils posent la question de notre « réussite » évolutive, au vu de la terrible empreinte que nous laissons sur tout ce qui nous entoure.


250 pages
24.1 x 15.4 cm


Les auteurs de Néandertal, mon frère, Silvana Condemi et François Savatier
Silvana Condemi est paléoanthropologue, directrice de recherche au CNRS. Elle mène ses recherches sur les néandertaliens et nos ancêtres sapiens à l’université d’Aix-Marseille.
François Savatier est journaliste au magazine Pour la Science, où il couvre notamment la préhistoire. Lire également l'interview de Silvana Condemi par Pedro Lima à propos de Néandertal mon frère


Ce livre est une excellente synthèse des connaissances actuelles sur les néandertaliens aussi bien du point de vue de la paléoanthropologie, que sur la paléo-génétique, la culture et les technologies utilisées par cette humanité disparue. Les auteurs citent des références publiées en 2016, donc il y a juste quelques mois. En outre, la grande culture des auteurs leur permet de faire régulièrement des références d’anthropologie culturelle qui permettent de comprendre, au moins en partie, les nombreux artefacts laissés par les néandertaliens.

Cet ouvrage est autant destiné au néophyte intéressé par les néandertaliens qu’à un public déjà beaucoup plus au fait de la paléoanthropologie en général et aux néandertaliens en particulier.

Par ailleurs, à la fin de chaque chapitre se trouve une bibliographie succincte (appelée dans le texte) se rapportant aux articles de références sur la question permettant au lecteur de revenir sur les sources.

Le contenu de cet ouvrage est complété et agrémenté de dessin de qualité réalisés le dessinateur par Benoît Clarys et de photographies regroupées dans un cahier central. La fin de l’ouvrage donne aussi un tableau avec les différents MIS (Marine Isotopic Stage) avec leur date et les grands évènements associés.

Dans certains chapitres, des encarts d’une page environ, sont présents et font le point sur une technique particulière, un site fondamental, ou une question particulière etc.

Le livre est donc arrangé en chapitres permettant d’aborder les différentes facettes des néandertaliens et de leurs environnements. L’ouvrage commence d’ailleurs par un premier chapitre sur les variations climatiques et les changements environnementaux rencontrés par les néandertaliens et leurs prédécesseurs, les pré-néandertaliens. Les auteurs reviennent sur la chronologie glaciaire alpine et son remplacement par les stades isotopiques de l’oxygène, les fameux Marine Isotope Stage (Stade isotopique marin) ou MIS. Les auteurs abordent aussi les mouvements de population que ces variations climatiques, parfois extrêmes, ont entraîné ainsi que les pressions de sélection que ces évènements ont nécessairement induites.

Le chapitre suivant est dans la continuité du premier et aborde la mise en place de la morphologie néandertalienne, via la théorie de l’accrétion, à partir des premières populations humaines européennes représentées par les Homo antecessor et les Homo heidelbergensis, qui seraient les ancêtres des néandertaliens et des hommes modernes.

Les auteurs poursuivent sur une présentation précise de l’anatomie des néandertaliens et montrent l’apport de l’ADN ancien à notre connaissance de cette humanité disparue. Le seul problème de cette partie est le mélange entre gènes* et allèles* (mélange que l’on retrouve dans de nombreux articles spécialisés). Les auteurs précise aussi que :

  • L’anatomie des néandertaliens est une adaptation aux climats froids.
  • Les règles écologiques de Bergmann et d’Allen s’appliquent parfaitement à l’homme moderne et aux néandertaliens. 

Les auteurs poursuivent par une présentation des techniques de chasse des néandertaliens et de leurs ancêtres, les Homo heidelbergensis. Ce chapitre est l’un des plus passionnants de l’ouvrage et montre combien la société néandertalienne pouvaient réaliser des actions complexes et dangereuses. Les auteurs rappellent aussi qu’à l’occasion les néandertaliens ont aussi pratiqué l’anthropophagie. Ainsi, l’image de néandertaliens super carnivores se dessinent mais elle est rapidement mise à mal en montrant que ces derniers étaient plutôt opportunistes et ne négligeaient ni les petites proies, ni les végétaux. Associées à ces activités complexes, les auteurs montrent que les néandertaliens enterraient leurs morts. Ainsi, les activités techniques complexes ainsi que cultuels de ces derniers laissent penser qu’ils possédaient un langage. 

La partie suivante explique le paradoxe de la présence des néandertaliens en Eurasie sur une aussi longue période alors que la très faible densité de leur population n’aurait pas dû leur permettre d’existé aussi longtemps. Ce paradoxe est expliqué par de nombreux facteurs et grâce à des comparaisons intéressantes avec les populations actuelles, notamment, les Inuits.  

Les auteurs donnent aussi différentes théories concernant la disparition des néandertaliens, même si elles sont parfois farfelues. L’intérêt de cette partie est de montrer les limites de chacune de ces hypothèses. L’ouvrage se termine par un chapitre montrant au lecteur que les néandertaliens n’ont pas tout à fait disparus mais subsistent encore en nous, via les gènes qu’ils nous ont transmis.

En conclusion, cet ouvrage est passionnant et très bien écrit. Il est facile d’accès même pour des non initiés et je le recommande vivement, en particulier pour les fêtes de Noël. 

Jean-Luc Voisin
Docteur en Paléontologie Humaine
Muséum National d’Histoire Naturelle

Glossaire

Allèle
 : un allèle est une version d’un gène. Ainsi, un même gène peut présenter de nombreux allèles différents dans une population.
Gène : un gène est une séquence d’ADN codant, le plus souvent, pour une protéine qui aura une action précise dans l’organisme.


Lire également l'interview de Silvana Condemi par Pedro Lima à propos de Néandertal mon frère

Lire également le compte rendu du livre Dernières nouvelles de Sapiens par Jean-Luc Voisin


Sommaire de Néandertal, mon frère

Introduction

1. Néandertal, fils de l'Europe et du froid .

2. Lémergence de la lignée néandertalienne .

3. Un athlète râblé aux poings puissants .

4. Néandertal : un corps adapté au froid? .

5. Néandertal : charognard, chasseur et cannibale .

6. De la viande, de la viande, de la viande et des dattes .

7. Néandertal n'aurait pas dû survivre

8. Une vie culturelle complexe

9. L'arrivée du perturbateur Sapiens dans la vie de Néandertal

10. Et si Néandertal dormait en nous ?

Le testament de Néandertal

Tableau des MIS

Notes


Un extrait de Néandertal, mon frère

Néandertal, fils du temps géologique et du climat
Pour reconstituer les conditions environnementales ayant régné en Europe au cours des différents stades isotopiques MIS, les préhistoriens analysent finement la terre des sites attribués à chacun de ces épisodes : ils tamisent les sédiments à la recherche de fins ossements, de dents minuscules (de petits mammifères, des poissons et des oiseaux), de pollens et de spores. La présence ou l’absence de ces microfossiles, associés à l’analyse des macrofaunes, fournir des indications précises sur les conditions climatiques du site et des paysages qui l’entouraient. C’est en compilant l’ensemble de ces données qu’on a petit à petit su à quoi ressemblait notre continent aux âges glaciaires. Montons à bord d’une machine à voyager le temps et allons faire un tour dans l’Europe de Néandertal

Un éden interglaciaire …
le climat de l’Europe a sans cesse changé pendant le Pléistocène, induisant des faunes et des paysages pendant les périodes glaciaires très différents de ceux des périodes interglaciaires. Pendant les interglaciaires, le climat se réchauffait et devenait souvent plus humide.
La nature redevenait généreuse tandis que la forêt regagnait du terrain ; la mer remontait et ennoyait les plateaux continentaux.
C’est du reste à la faveur d’une période interglaciaire qu’il y a quelques 500 000 ans, les lointains ancêtres des néandertaliens sont passés d’Afrique en Europe. Arrivés en très petit nombre, ces Homo heidelbergensis se sont répandus dans un immense territoire, presque vide de concurrents humains. Notre continent – et cela reste valable pour chaque interglaciaires – était alors comparable à ce que serait l’Europe d’aujourd’hui si nous retirions les autoroutes, le béton et les champs, pour laisser la forêt tout recouvrir et les loups dominer, à coté de quelques grands chats (comme les lions, les panthères et les lynx), d’hyènes et d’ours de différentes espèces.
Le long des fleuves, les aurochs (vaches sauvages), les rhinocéros, et les éléphants ouvraient et maintenaient des paysages ouverts, où les clans de chasseurs venaient prélever l’essentiel de leur gibier. Les hommes côtoyaient également des cerfs, des mégacéros (des cerfs géants à ramure immense), des chevreuils, des daims et des sangliers. Les bisons, les antilopes saïga, les rhinocéros à poils laineux ou les rennes étaient absents des régions méditerranéennes pour se réfugier plus au nord, en Europe septentrionale ou en Sibérie.
La biomasse végétales et animale exploitables était très importante, mais se trouvait surtout dans l’épaisse forêt, dangereuse et difficilement pénétrable. Certes les groupes humains exploitaient sans doute davantage les ressources végétales que pendant les périodes très froides, mais ils pratiquaient la cueillette dans des clairières et surtout le long des cours d’eau. Le plus souvent, la cueillette et un peu de chasse suffisaient à leurs survie et leur permettaient de croître, de s’étendre sur un plus ample territoire, voire de coloniser une partie de l’Asie.

…suivi d’un enfer givré
Pendant les périodes glaciaires au contraire, les populations humaines régressaient numériquement tant le climat devenait rude : les glaciers du Nord s’étendaient et réduisaient le territoire habitable, tandis que la steppe, la toundra, la taïga et plus généralement des paysages ouverts dominaient l’environnement au sud des masses glaciaires.  Dans le même temps, le niveau de la mer baissait. La France du Nord par exemple, a souvent dû ressembler à l’Arctique canadien actuel.
Pour les chasseurs, les conditions de vie étaient dures, mais pas rédhibitoires, loin de là. Le retour du froid signifiait des modifications importantes d’environnement. Les herbacées, les lichens et les mousses gagnaient du terrain sur les milieux forestiers et la toundra-steppe s’étendaient sur de vastes territoires, créant une situation très favorable à la formation de troupeaux de grands herbivores et à une augmentation de la biomasse animale.
Ainsi, les bisons, les chevaux, les mammouths, les rhinocéros à poils laineux, les bœufs musqués, et les rennes pullulaient dans les steppes entourant les masses glaciaires malgré la température toujours négative. Pour les chasseurs-cueilleurs, ces troupeaux constituaient une ressource assez facile à chasser, abondantes et aisément repérable dans le paysage.


 





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Homo sapiens est décidément une drôle d'espèce. On le pensait apparu quelque part en Afrique de l'Est il y a 200 000 ans, et voilà qu'on détecte sa présence bien plus tôt, et sur tout le continent. On le croyait sorti de son berceau il y a 80 000 ans, jusqu’à ce qu'on découvre, en Chine, des fossiles beaucoup plus anciens. Pire, ou mieux, comme on voudra : la génétique a montré qu'il y a peu, nous partagions cette planète avec d'autres espèces humaines désormais disparues et avec lesquelles nous nous sommes métissés! C’est dire l'urgence de faire le point sur nos ancêtres et d'écouter les dernières nouvelles de Sapiens.
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Mise en ligne le 24/11/16