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La grotte Chauvet-Point d’Arc. Art et archéologie
La grotte Chauvet-Point d’Arc. Art et archéologie
Les Premières Salles.
Jean-Michel Geneste, Carole Fritz, Valérie Feruglo et Gilles Tosello dir., 2025
Compte rendu Romain Pigeaud

Présentation par l’éditeur :
C’est auprès de l’équipe internationale des chercheurs, que le grand public découvre les premières salles de cette grotte ornée et le témoignage unique qui nous a été transmis… il y a 36 000 ans.
Le 18 décembre 1994, trois spéléologues (Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel et Christian Hilaire) découvrent, à Vallon Pont d’Arc, en Ardèche, l’entrée – obstruée depuis 21 000 ans – d’une grotte ornée gigantesque dont les peintures et gravures les plus anciennes datent de plus de 36 000 ans. Du fait de la fermeture naturelle de cette cavité, l’ensemble des œuvres pariétales et les vestiges archéologiques qui s’y trouvent ont été maintenus dans un état de conservation exceptionnel.
Ce site, immédiatement protégé, sécurisé et qui, pour cette raison, ne sera jamais ouvert au grand public, est dès lors consacré à la recherche. Depuis 1998, une équipe pluridisciplinaire et internationale étudie la grotte dans toute la diversité des approches scientifiques. Ce sont les conclusions de ce travail qui pour la première fois sont ici exposées.
Le lecteur a donc le privilège de découvrir, auprès de l’équipe des chercheurs aujourd’hui dirigée par Carole Fritz, les Premières Salles de la grotte. L’écroulement du Porche d’Entrée avait mis fin à la pénétration de la cavité par les bêtes et les hommes et plongé dans le noir des secteurs jusque-là baignés par la lumière du jour. L’équipe scientifique, grâce à des techniques et méthodes inédites – de datation, de modélisation, etc. – restitue la cartographie de cette lumière et le contexte vivant dans lequel fut conçue l’organisation des œuvres pariétales.
Ces premières clés de compréhension sont proposées à l’occasion du 30e anniversaire de la découverte de la grotte et du 10e anniversaire de son inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Éditions du Patrimoine, Centre des Monuments nationaux, 463 p. 75 €.
Compte rendu Hominides.com
Après L’Atlas, publié en 2020, voici enfin la seconde partie de la monographie de la grotte Chauvet, consacrée aux Premières Salles (Galerie de l’Entrée, Salle Morel, Diverticule des Ours, Salle des Bauges, Galeries des Panneaux Rouges, de la Bretelle et Galerie Rouzaud, pour les plus importantes). Le texte, achevé en 2017, ne constitue pas une synthèse exhaustive « mais offre un aperçu, une première perspective qui sera complétée et ajustée par les travaux pluridisciplinaires en cours, décrits dans les volumes qui suivront ». Mais quel aperçu ! On comprend qu’il ait fallu huit années supplémentaires pour produire cet écrin qui ravira tous les impatients. Il ne s’agit pas d’un simple « beau livre », avec de magnifiques photographies, mais d’un travail scientifique et pointu, où toutes les unités graphiques sont identifiées et analysées, des plus spectaculaires aux plus discrètes. Les relevés précis et détaillés permettent de se faire une idée générale de ce qui existe, c’est-à-dire la partie aujourd’hui accessible, puisque, comme chacun sait, le cheminement actuel est contraint par des passerelles pour préserver les sols ; certains panneaux ont d’ailleurs été étudiés à distance, une prouesse qu’il faut souligner. Les progrès dans la restitution numérique autorisent également des reconstitutions de panneaux ou de secteurs, ainsi que la restitution de tracés très estompés. Mais ce qui fait le sel de ce livre, c’est évidemment le travail d’une équipe, qui ne nous cache ni ses doutes, ni ses débats ; le lecteur, derrière l’épaule du préhistorien, rêvera aux mystères qui demeurent. Des études de pointe, souvent publiées en anglais dans des revues internationales inaccessibles au commun des mortels, sont ici traduites et exposées avec détail : l’apparence du porche aujourd’hui effondré ; les entrées probables et la pénétration de la lumière du jour au Paléolithique (les artistes ont positionné leurs œuvres à l’écart des zones soumises à la lumière directe et indirecte du jour ainsi que des zones de pénombre, information intéressante quant à la symbolique recherchée) ; les datations (on espère que les derniers opposants à l’attribution des dessins à l’Aurignacien et au Gravettien rendront enfin les armes) ; l’analyse des supports rocheux (qui permet d’éviter les erreurs de lecture et de formuler des hypothèses sur le choix des emplacements par les artistes, attirés par les accidents de parois, les couleurs et les structures) et des techniques : gravures, peintures, dessins au crayon sec, tracés au doigt, lissage des tracés, etc. ainsi que des rendus chromatiques suivant les secteurs (les différences entre les rouges sont-elles volontaires ou dues à l’évolution différentielle des parois ?). les auteurs insistent sur deux découvertes majeures qui ont bouleversé notre vision des grottes ornées : la présence de grands feux, qui ont pu fonctionner, comme barrière contre les chauves-souris ou les prédateurs (dans les secteurs d’entrée), éclairer les galeries ou bien amollir et colorer les parois avant leur décoration ; et la présence de vestiges architectoniques : des accumulations de pierres, certaines très lourdes, nécessitant le concours de plusieurs personnes pour être déplacées, connues dans d’autres grottes mais ici presque systématisées. Les artistes de Chauvet ont « produit un monde », « traduction graphique d’un « discours » symbolique qui utilise les codes de la communication par l’image », comme le résument Carole Fritz et Gilles Tosello. L’étude des techniques et des superpositions montre une évolution dans la construction des compositions symboliques : les artistes vont « adopter de nouveaux codes graphiques, renouveler partiellement [leur] iconographie » ; le félin va ainsi remplacer l’ours comme thème majeur. La cavité « illustrerait le cas d’un art et de ses pratiques évoluant sur place, d’une série de mutations alliant nouveauté et conservatisme », tout ceci durant l’Aurignacien et sans doute une partie du Gravettien. Une pierre dans le jardin de ceux qui persistent, contre l’avis des spécialistes eux-mêmes, à envisager l’art des cavernes paléolithiques comme un ensemble cohérent qui resterait inchangé durant des millénaires. Voici donc un livre qui fera date et servira de modèle pour d’autres recherches en grotte ornée. Mais qui reste accessible (hormis son prix !), et que chacun pourra lire et méditer.
Romain Pigeaud-Leygnac
Romain Pigeaud est un archéologue, préhistorien français spécialiste de l’art pariétal, et éditeur scientifique.
Les auteurs
L’ouvrage a été rédigé par un collectif d’auteurs constitué par les archéologues de l’équipe scientifique de la grotte Chauvet Pont-d’Arc, qui étudient le site depuis 1998.
L’ouvrage est dirigé par Carole Fritz et Gilles Tosello
Carole Fritz, spécialiste de l’art préhistorique, est chercheuse au CNRS. Elle est membre de l’équipe scientifique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc depuis sa création (1998) et elle en a pris la direction en 2018.
Par ailleurs, elle dirige actuellement le Centre de recherche et d’étude pour l’art préhistorique Émile-Cartailhac (CREAP), à la Maison des sciences de l’Homme de Toulouse.
Gilles Tosello est artiste plasticien et docteur en préhistoire, ses travaux portant sur l’art paléolithique. Dans le cadre de la création de la réplique de la grotte Chauvet (Grotte Chauvet 2-Ardèche), ouverte au public en 2015, il a exécuté la peinture au fusain du célèbre panneau des Chevaux (44 m2, comprenant 50 figures) et la grande fresque des Lions (70 m2). Membre de l’équipe scientifique de la Grotte Chauvet-Pont d’Arc depuis sa création, en 1998, il intervient sur les recherches en art pariétal.
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Geneste, Fritz, Feruglo Tosello dir., 2025








