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Accueil - Hominidés - Hominidae - Actualités - Les crânes trouvés au Mexique et au Brésil semblent indiquer plusieurs vagues de colonisation
Peuplement de l'amérique du sud en plusieurs vagues selon une étude des crânes fossiles (24/02/17)

Les crânes des premiers Américains
Deux études anthropologiques sont publiées sur les crânes des premiers Mexicains d'une part et des premiers Brésiliens d'autre part… Sur un point les études convergent : il y a eu plusieurs vagues de « colons ».

Les crânes des premiers amérindiensLe peuplement du continent américain fait l'objet de nombreuses études qui sont souvent divergentes sur la chronologie et les acteurs. Si jusqu'à ces dernières années il semblait admis que les premiers êtres humains avaient pénétré les Amériques par le détroit de Béring il y a 12-13 000 ans, de nouvelles études apportent maintenant, régulièrement, la contradiction. Une étude sur la génétique des populations indique que c'est 23 000 ans en arrière que les premiers hommes sont arrivés, en une seule vague, sur le sol américain. En 2017 : datation d'ossements (sur un site canadien) comportant des traces de découpe avec un outil il y a 24 000 ans. En 2012 : vaste étude génétique des indiens d'Amérique du Nord indiquait qu'ils étaient issus d'une seule vague de migration, il y a 12 000 ans… Pour compléter le tableau, on peut également citer les peintures rupestres et les foyers du Parc national de la Serra da Capivara (Brésil) datés respectivement de 17 000 et 32 000 ans.
Les deux nouvelles études sont basées sur les crânes découverts au Brésil et au Mexique. En effet, lorsque qu'une population se sépare en deux, après quelques milliers d'années on peut observer que ces populations isolées développent des signatures génétiques différentes, mais elles peuvent également diverger au niveau des formes de crânes...

Les crânes mexicains
L'anthropologue Mark Hubbe et ses élèves, dont Brianne Herrera (Ohio State University de Columbus), ont entrepris de mesurer de façon détaillée une série de crânes (datés de -800 à -500 ans) exhumés dans trois régions du Mexique. Ils les ont ensuite comparés avec les mesures réalisées sur des crânes trouvés sur plusieurs sites à travers l'Amérique du Nord et du Sud, en Asie de l'Est et en Asie Australe. Ils voulaient étudier les variations des formes en fonction de l'emplacement géographique.
Il apparaît que les crânes de deux des régions mexicaines (Sonora et Tlanepantla) peuvent être regroupés par leur forme. Mais les crânes de la troisième région (Michoacán) sont très différents. La variation observée correspond normalement à celle de deux populations séparées depuis des millénaires, souvent parce que les groupes humains se sont installés dans des contrées distantes de plusieurs milliers de kilomètres. Pourtant, dans le cas présent, la distance entre Michoacán et Tlanepantla est inférieure à 300 kilomètres et il n'existait pas de barrière géographique !
Pour Hubbe, « C'est une découverte étonnante. Le Mexique a été habité depuis au moins 10 000 ans et les populations fondatrices peuvent avoir connu plusieurs évolutions et croisements génétiques avant de s'installer dans la région. Mais, de façon étonnante, les populations semblent avoir été tellement réticentes à s'accoupler que ces différences génétiques étaient encore apparentes il y a seulement 500 ans. Pour une raison quelconque, ces différences ont été maintenues pendant des milliers d'années". Pour l'anthropologue, il a pu exister des barrières culturelles et/ou linguistiques suffisamment fortes pour tenir les populations voisines à l'écart les unes des autres.

Les crânes brésiliens
Crâne de Lagoa SantaHubbe et l'anthropologue Noreen von Cramon-Taubadel(Université de Buffalo) ont collaboré à une deuxième étude sur une autre série de crânes américains anciens. Ces derniers proviennent de Lagoa Santa dans l'est du Brésil et sont datés de -10 000 à -7 000 ans.
«Le matériau de Lagoa Santa est unique dans tout le Nouveau Monde», explique André Strauss de l'Institut Max Planck pour anthropologie évolutive (Allemagne), qui a également participé à l'étude. «Il présente de nombreux squelettes, bien conservés, très anciens et parfaitement connectés à un contexte archéologique fiable.
Les chercheurs ont découvert que ces premiers Américains du Sud - les «Paléoaméricains
» - avaient des formes de crâne spécifiques qui sont nettement différentes de celles de la plupart des populations sud-américaines autochtones actuelles.
« Les différences entre les Paléoaméricains et les Sud-Américains modernes sont si importantes qu'elles ne peuvent tout simplement pas être apparues en seulement 10 000 ans», explique Hubbe.
En d'autres termes, les Paléoaméricains ne peuvent être les ancêtres des Sud-Amérindiens d'aujourd'hui. Pour expliquer cela, les chercheurs estiment que les deux populations se sont séparées d'une population ancestrale commune il y a au moins 20 000 ans, ce qui offre un intervalle de temps suffisant pour que les deux groupes développent des caractéristiques distinctes au niveau du crâne.

Cette conclusion implique que l'Amérique du Sud a pu être colonisée en deux vagues distinctes au minimum - l'une représentée par les anciens de Lagoa Santa (il y a 10 000 ans) et d'autre part une vague plus récente qui a donné les populations sud-américaines actuelles.

Cela va à l'encontre de l'hypothèse générale selon laquelle l'Amérique du Sud a été initialement colonisée en une seule vague, avant l'arrivée des Européens. Ce n'est pas la première preuve que l'histoire sud-américaine est plus compliquée, cependant - une étude de 2015 a également soulevé la possibilité de multiples vagues de colonisation en découvrant un lien génétique entre certaines populations amazoniennes d'aujourd'hui et les groupes autochtones en Australie.

CR

Sources
Newscientist

Phy.org

Noreen von Cramon-Taubadel et al. Evolutionary population history of early Paleoamerican cranial morphology, Science Advances (2017). DOI: 10.1126/sciadv.1602289

 

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