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Grotte de Shulgan-Tash (Kapova) – Bachkirie, Russie


La grotte de Shulgan-Tash, à l’autre extrémité de la grande plaine européenne

Hugues Plisson, UMR5199 PACEA, Université de Bordeaux.

Découverte

La grotte de Shulgan-Tash (Шульган-Таш), sur le versant occidental de l’Oural méridionale, est présente dans la plus ancienne mythologie bachkire.  Nous devons sa première mention académique, en 1760, à Piotr I. Rytchkov, correspondant de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, à l’occasion d’une courte exploration hivernale à l’issue de laquelle il en décrivit le premier niveau. Son compte rendu fut rapidement complété par les publications de ses successeurs (académicien, ingénieurs des mines, hydrologues, géographes) au cours du XVIIIème et XIXème siècle.  La grotte fut alors désignée sous le nom russe de Kapova (Капова ; onomatopée de l’eau qui goutte). Deux crânes protohistoriques y furent trouvés, en 1760 et 1896, mais il faudra attendre la recherche opiniâtre du biologiste  Alexandre V. Rioumine pour que soient révélées en 1959 les peintures paléolithiques qui rendront la cavité mondialement fameuse.  

Signe géométrique complexe, Salle en Coupole
Cliché A.V. Rioumine, années 60. Panneau oriental, Salle du Chaos

Formation

La grotte avec un développement de 3323 m et une dénivellation de 165 m, se structure sur trois niveaux dans les calcaires du Dévonien et du Carbonifère. La cavité fait partie d’un système spéléologique organisé à partir du drainage d’un bassin d’alimentation d’une quarantaine de km² qui se développe en direction du nord. Celui-ci comporte de nombreuses dolines et des pertes au contact des roches métamorphiques et des calcaires. Les changements paléoenvironnementaux et l’incision de la rivière Shulgan, au cours du Néogène principalement, sont à l’origine des grandes galeries étagées et de la rivière souterraine en lien avec une zone noyée importante qui résurgent dans le porche d’entrée pour rejoindre la rivière Shulgan toute proche. Le mode de fonctionnement de ce système karstique a bien été compris des sociétés autochtones puisque le toponyme est constitué des mots bachkires Shu-Ulgan « qui a disparu » et Tash « pierre » ou bien « montagne ».

Les paysages de la grotte ont peu évolué depuis les fréquentations du Paléolithique. Toutefois, du fait de la taille et la structuration de la grotte, l’aérologie et les circulations d’eau de percolation entrainent des modifications de l’état des parois et de certaines parties des sols.

Porche d’entrée de la grotte de Shulgan-Tash (Kapova)
Modélisation lasergrammétrique des galleries fréquentées et principaux panneaux ornés © You.M. Svoïski & E.V. Romanenko

L’art préhistorique

La découverte d’Alexandre V. Rioumine fut confirmée par Otto N. Bader, archéologue respecté qui mena des recherches dans la grotte, de 1960 à 1978, et y documenta une cinquantaine de figures paléolithiques. A ce jour, grâce à l’inventaire exhaustif du groupe conduit depuis 1999 par Youri S. Liakhnitski, de l’Institut de recherche géologique de Saint-Pétersbourg, 196 images ont été inventoriées, réparties en cinq salles. Quatre salles sont au même niveau que l’entrée, la cinquième, au niveau supérieur, n’est accessible que par un puit de 40m de haut. Environ 37% des formes reconnaissables sont des figures zoomorphes, 3% paraissent anthropomorphes, et 60% sont des signes non figuratifs. Les autres images, 36% du total, sont des marques rouges diffuses. Même parmi les formes animalières, beaucoup sont estompées, ou couvertes par une couche de calcite si épaisse qu’elle peut en être opaque. Au moment de la découverte, beaucoup étaient en outre masquées par un film d’argile. Dès 1962 fut entrepris le nettoyage des parois ornées, pour en retirer les dépôts de calcite ainsi que les graffitis modernes. En 2017, sous la supervision scientifique de Ekaterina G. Devlet, de l’Institut d’Archéologie de Moscou, l’élimination mécanique minutieuse d’une coulée de calcite sur ce qui semblait être un anthropomorphe révéla la représentation d’un chameau, animal jusqu’alors inconnu dans le bestiaire de l’art paléolithique occidental, mais présent aussi dans la grotte d’Ignatievka 275 km plus au nord. Son association avec d’autres animaux plus classiques, un traitement graphique identique et la datation de la calcite sus-jascente l’identifient comme paléolithique. Hormis cette espèce relativement autochtone (le début de l’Asie centrale est à deux centaines de kilomètres), on dénombre dans les principales compositions 10 chevaux, 7 mammouths, 1 bison et 2 rhinocéros laineux. Par le fond commun d’espèces animales stéréotypées, leurs associations, l’absence de tout élément de décor, la présence de symboles graphiques non figuratifs, la fugacité de l’humain, et par les procédés stylistiques, les représentations de Shulgan-Tash obéissent aux mêmes codes que ceux de l’art franco-cantabrique. Otto N. Bader avait fait des parallèles avec la période allant du Solutréen final au Magdalénien moyen à partir de la nomenclature d’André Leroi-Gourhan. Lui succédant, de 1982 à 1994, Viatcheslav E. Chtchelinski, de l’actuel Institut d’histoire de la culture matérielle de Saint-Pétersbourg, entreprit des fouilles qui révélèrent un niveau archéologique, avec des crayons d’ocre et un fragment de paroi colorée, dont les charbons de bois et des fragment d’os livrèrent 4 dates radio carbone comprises entre 16,3 et 19,6 ka (cal BP). Plus récemment, la datation de la couche de calcite couvrant le chameau et de celle immédiatement sous-jacente donna une fourchette comprise entre 36.4 ± 0.1 ka et 14.5 ± 0.04 ka.
A l’exception de quelques rares figures noires incertaines, attribuées à une phase plus ancienne, toutes les représentations sont en rouge, pour certaines polychromes. Ce qui en subsiste aujourd’hui, tant dans leur nombre que leur état, donne une vue minimale de ce que fut l’art paléolithique de Shulgan-Tash.

Mammouth
Relevé d’artiste, K.N. Nikakhristo, publié par O.N. Bader en 1963
mammouth
Même figure de mammouth photographiée en 2019,H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR
Grand panneau Photo Sergei V Pechkov_
Etat actuel du panneau oriental de la Salle des Peintures débarrassé de ses graffitis. Composition avec mammouths, chevaux et rhinocéros. H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR
Anthropomorphe, Salle du Chaos H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR
Signe géométrique complexe, Salle en Coupole H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR
Cheval noir, non daté, Salle des Peintures. H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR
L’imagerie numérique a considérablement augmenté le corpus. Figure zoomorphe, Salle des Signes. H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR

Le mobilier

Les fouilles réalisées sur 68 mètres carrés par Viatcheslav E. Shchelinskij et son équipe, sous un panneau de la Salle des Signes, révélèrent une couche archéologique avec de larges places de feux, des colorants, une lampe en argile, un récipient en serpentine, des parures et un outillage constitué d’une trentaine de pièces de silex et de jaspe, comprenant 2 grattoirs, 1 pointe à dos, des lames et lamelles retouchées et des éclats, auxquels s’ajoutent 3 choppers et 2 outils en os. Cet outillage se distingue par une grande diversité de matières travaillées, sans relation évidente avec le contexte de découverte : pas d’indice de débitage sur place, pas de concentration ni de structure particulière au sol, pas de vestiges connexes. L’ensemble lithique est pétrographiquement et technologiquement très homogène et tous les outils ont en commun d’avoir été longuement utilisés.
Depuis, des sondages, au cours d’expéditions distinctes menées depuis une dizaine d’années par Vladislav Jitenev, de l’université d’état de Moscou, et par Viatcheslav G. Kotov, du Centre de recherche d’Oufa de l’Académie des Sciences de Russie, ont livrés des pièces supplémentaires.

Visite

Depuis 2003, au delà des 160 premiers mètres, la grotte est fermée au public et seuls les scientifiques et ses gestionnaires ont maintenant accès aux galeries ornées, sous la supervision du Centre scientifique et technologique de la conservation et de l’utilisation des objets immobiliers du patrimoine de la République du Bachkortostan. Pour contrebalancer la mesure de protection et mettre en valeur ce site exceptionnel, un musée est en construction qui en présentera, sous forme numérique et de fac-similés, les traits les plus remarquables. Ce projet s’inscrit dans la démarche de son inscription au patrimoine mondial de l’humanité.
La grotte fait partie d’une réserve naturelle où de nombreuses infrastructures sont prévues pour l’accueil des touristes : https://shulgan-tash.ru/

Maquette du musée de site en construction

Rédaction : Hugues Plisson, UMR5199 PACEA, Université de Bordeaux.

Sources

LYAKHNITSKY Y. S., MINNIKOV O. A. et YUSHKO A. A. 2015. Drawings and signs of Shulgantash (Kapova) cave. Ufa: Kitap, 2015, 288 p.

ДЭВЛЕТ Е. Г., ГУИЛЛАМЕТ Э., ПАХУНОВ А. С., ГРИГОРЬЕВ Н. Н. et ГАЙНУЛЛИН Д. А. 2018. Предварительные данные об изображении верблюда в зале Хаоса пещеры Шульган-Таш (Каповой) [Données préliminaires sur un chameau dans la salle du Chaos de la grotte Shulgan-Tash (Kapova)]. Уральский исторический вестник, 2018, vol 158, n°1, p.141-148. Avec long résumé en anglais.

2018. The camel in the cave. Ice Age art in the Ural Mountains. Current World Archaeology, 2018, vol 87, n°January 25, p.10-11.

ŜCELINSKIJ V. E. et ŠIROKOV V. N. 1999. Höhlenmalerei im Ural, Kapova und Ignatievka. Die altsteinzeitlichen Bilderhöhlen im südlichen Ural. Speläo. Sigmaringen: Jan Thorbecke Verlag, 1999, 171 p.

БАДЕР О. Н. 1963. Палеолитические рисунки Каповой пещеры (Шульган-Таш) на Урале [Figures paléolithiques de la grotte de Kapova (Shulgan-Tash) dans l’Oural]. Советская археология, 1963, vol 1, p.125-134.

Sauf photos historiques, clichés H. Plisson © CNRS – LIA ARTEMIR

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