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Livre - La plus vieille énigme de l'Humanité - Jean-Jacques Lefrère - Bertrand David - Fayart

La plus vieille énigme de l'Humanité
Jean-Jacques Lefrère, Bertrand David


Pour réaliser leurs oeuvres sur les parois des grottes, les hommes préhistoriques auraient projeté les ombres de figurines afin de les tracer sans difficulté. Une belle histoire... mais des arguments totalement erronés.


Présentation de l'éditeur
Un jour, un dessinateur et peintre, féru d’Histoire de la peinture, se pose la question que tous se posent devant les dessins retrouvés dans les grottes préhistoriques : comment les hommes de la Préhistoire ont-ils fait pour produire de telles œuvres, au trait si précis, si assuré ? Pourquoi les ont-ils réalisés au fin fond de cavernes souvent difficilement accessibles ? Qui plus est, ils l’ont fait pendant trente mille ans, de manière quasi immuable. Ils avaient donc une raison majeure.
Le dessinateur entreprend alors une collaboration avec un scientifique pour éprouver l’explication qu’il a conçue. Des expériences sont réalisées, parfois dans les mêmes conditions que celles de nos lointains aïeux. Toutes s’avèrent concluantes, au-delà même de ce qu’ils attendaient. Quant au sens de ces dessins, il finit peut-être lui aussi par se laisser percer.
Les deux auteurs de ce livre sont, dans le domaine de la paléontologie, des autodidactes absolus, de parfaits non-spécialistes. Est-ce ce statut qui leur a permis de mener, en toute indépendance d’esprit, sans aucun préjugé, cette quête qui a abouti à lever un des plus anciens et un des plus tenaces secrets de l’Histoire de l’Humanité ?

Collection Documents
Sortie 16/01/2013
Format 13,5 x 21,5
180 pages

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Un nouveau livre pour expliquer l'art préhistorique... vous vous imaginez bien que je n'allais pas laisser passer cela ! Certes, le titre un tantinet racoleur ("La plus vieille énigme...") correspondait plus à un titre journalistique qu'à un titre scientifique... mais bon, dans nos temps de communication il faut savoir attirer le lecteur.

Dans la première partie de l'ouvrage, se déclarant néophytes et "non-spécialistes" les auteurs abordent le sujet de la réalisation des oeuvres pariétales avec un double étonnement. Comment les artistes du Paléolithique réalisaient-ils leurs peintures mais aussi, pourquoi les préhistoriens n'auraient pas trouvé comment ils arrivaient à une si grande qualité artistique (les auteurs n'ont donc pas eu accès aux travaux de M. Lorblanchet sur Pech Merle, ni à ceux de G. Tosello sur Chauvet) .
Dans la deuxième partie, les auteurs dévoilent leur propre théorie sur la réalisation des peintures pariétales. Pour ne plus avoir qu'à suivre simplement un tracé, les paléolithiques auraient "projeté" l'ombre d'une statuette sur la paroi en utilisant une source de lumière (lampe à huile par exemple). Cette technique permettrait une réalisation rapide, reproductible et surtout accessible à un enfant (ils ont essayé...).
La dernière partie du livre aborde les raisons qui auraient poussé les hommes de la préhistoire à peindre sur les parois des grottes.

Un point positif
De prime abord la technique proposée semblerait simple et presque logique. Elle expliquerait, par exemple, pourquoi les oeuvres paléolithiques sont le plus souvent positionnées au fond des grottes, là où la lumière ne parvient pas. En effet, cette technique nécessite le noir absolu pour pouvoir "projeter" l'image. En revanche, la technique reste inutilisable pour les gravures sur rochers en plein air de la vallée du Côa (des centaines !), tout comme pour celles en entrée de grotte ou en abris-sous-roche.

Des incohérences et des affirmations erronées.
Les affirmations pour étayer cette théorie sont pour le moins fantaisistes et ne collent pas du tout avec la réalité des grottes. Les points mis en avant ci-dessous ne reprennent pas la totalité des erreurs relevées dans le livre, c'est une sélection (!) :
- pour les auteurs il y a véritablement un style commun qu'on retrouve dans l'ensemble des grottes. Par exemple, pour Lascaux et Chauvet "on est frappé par la similitude des peintures des deux sites". Même sans être un spécialiste, je ne vois pas ces similitudes, et je vous conseille simplement de visualiser vous-même les images. Vous pouvez également comparer les représentations de mammouths dans diverses grottes.
La scène du puit à Lascaux... avec une représentation humaine- "à de très rares et peu significatives exceptions, il n'y a pas de représentation d'humain dans les grottes". Et un peu plus loin "car cette absence totale de représentations humaines dans un art picturel pratiqué pendant tant de millénaires par des humains..." Il est vrai que l'humain est rare mais quand même, rien qu'en France, il y a Lascaux, Villars, Cougnac, Bernifal, La Marche, Le Gabillou, les trois-Frères, Vilhonneur (la grotte du Visage !)... Sans compter les très nombreuses représentations féminines (les fameuses Vénus de la préhistoire) dont un grand nombre a été retrouvé dans des grottes non ornées... donc n'ayant pas servi de modèle.
- en parlant des représentations superposées, " ces artistes n'éprouvaient guère de respect pour les oeuvres de leurs prédécesseurs. Plus paradoxalement encore, il ne se donnaient même pas la peine de les effacer...". Ici c'est de l'ethnocentrisme car rien ne permet d'affirmer que les hommes préhistoriques avaient les mêmes valeurs que notre civilisation actuelle. Par ailleurs, superposer ne veut pas dire dégrader et si, justement ils ne les effacent pas, c'est qu'ils les respectent ! Par ailleurs, si l'on cherche vraiment, il n'est pas rare de voir aujourd'hui un taggeur passer sur l'oeuvre d'un prédécesseur, qui s'en offusque ?
- une autre preuve d'a priori : "Que voyons-nous ? Pratiquement toujours de très belles choses : des cerfs élégants, des buffles puissants, des lions splendides, des mammouths impressionnants. Jamais de bêtes répugnantes, laides ou pénibles à voir : pas de reptiles, ni de batraciens, ni d'insecte. Pas d'avantage d'animaux grossiers ou "sales" (cochons, sangliers, phacochères), pas le moindre rongeur, pas même de loup, cet ainmal de la nuit. En fait aucune des bêtes représentées ne provoque le dégoût ou la répulsion...". Ici la liste est très longue... attribuant à beaucoup d'animaux des qualités, ou plutôt des défauts, que tous les hommes actuels pourraient réfuter, car c'est juste une question de goût... Personnellement les araignées ne me plaisent pas, je ne suis pas sensible au charme du cerf mais je trouve les batraciens et les reptiles magnifiques.
Cheval renversé Lascaux- beaucoup plus ennuyeux, les auteurs se contredisent en indiquant que leur méthode ne permet pas de choisir un endroit pour positionner un dessin : "Mais décider d'effectuer un dessin à un endroit précis se révèle fastidieux, décourageant, voire impossible : aucun réglage, aucune disposition ne permettent de décider à la place de la lampe"... mais quelques pages plus loin, "Le procédé permettait même aux Cro-Magnons d'utiliser les irrégularités naturelles des parois pour donner des impressions de volume...". Donc d'un côté ils ne choisissent pas l'endroit où dessiner, mais d'un autre côté ils peuvent positionner précisément l'ombre de façon à profiter du relief... Cherchez l'erreur !
- l'hypothèse de cette méthode s'appuit donc sur des statuettes qui auraient servi de modèles pour les projections sur les parois. Hors les statuettes retrouvées ne correspondent pas à ces modèles. Elles ne comportent jamais de marques montrant qu'elles ont été maintenues au-dessus d'une lampe. Les vénus ou autres figures que nous connaissons sont le plus souvent très schématiques et n'auraient jamais pu projetter des ombres avec autant de détails sur le contour.

Finalement, la curiosité qui amène à la lecture de cet ouvrage laisse rapidement place à une grande déception. En effet, les auteurs proposent une méthode originale pour peindre sur les parois des grottes et qui aurait pu être utilisée. Il n'y a pas de preuve mais pourquoi pas !
Hors les bases-mêmes de leurs refléxions sont émaillées d'a priori, d'à peu près et d'éléments invérifiables qui décrédibilisent cette théorie. Les arguments utlisés et les affirmations erronées ne sont vraiment pas "à la hauteur" et prêtent le flanc à la simple critique d'un autre "non-spécialiste".
Un bon conseil : visitez vous-mêmes des grottes ornées et lisez les ouvrages des préhistoriens qui ont vraiment étudié le sujet pendant des années !

CR

A noter, une erreur concernant la grotte des Combarelles. Les auteurs écrivent : "L'année 1901 serait celle de la découverte des grottes de Font-de-Gaume et des Combarelles en Dordogne : certaines de leurs peintures étaient recouvertes d'un voile de calcite qui témoignait d'une grande ancienneté."
Il faut savoir que la grotte des Combarelles présente plus de 600 gravures (animaux et anthropomorphes) mais aucune peinture représentative...




Sommaire La plus vieille énigme de l'Humanité

Sous forme d'essai, l'ouvrage n'a pas de sommaire. Les différentes parties sont numérotées
de I à XXII.


Un extrait de La plus vieille énigme de l'Humanité

La lecture des gros ouvrages dont je disposais pour en savoir plus sur les études menées autour de ces grottes me laissait perplexe. Si tous rendaient compte de la moindre donnée recueillie par les chercheurs, nul ne répondait à la question que chacun se pose, immédiatement et naturellement, devant ces peintures réalisées, pour certaines, il y a plus de vingt mille ans : qu'est-ce que cela signifie?
Une interrogation parmi d'autres, qui se faisaient jour au fur et à mesure de ces lectures, mais demeurait sans réponse. Au bout d'un moment, 'avec la détermination d'un Indiana Jones mâtiné de Sherlock Holmes, j'ai entrepris de dresser la liste de ces questions. Les premières portaient évidemment sur le sens de ces dessins: que signifient-ils et à quoi servaient-ils?

Pourquoi peindre des animaux, et pourquoi les faire figurer, sur le même panneau, parfois grands, parfois petits? Pourquoi avoir retenu ces lieux si difficiles d'accès? Pourquoi le choix de ces bêtes-là, qui n'étaient pas toujours les plus couramment chassées? Pourquoi ne voit-on pas d'animaux effrayants, laids ou ridicules? Pourquoi ces œuvres ont-elles échappé au vandalisme tout au long de ces milliers d'années? Pourquoi n'y a-t-il pratiquement aucune figuration d'humain dans ces grottes, ni aucune représentation d'objet, de décor, de flore, d'habitation? Pourquoi, alors qu'ils savaient manifestement dessiner, les hommes de la préhistoire ne représentaient-ils que des animaux?
D'autres questions, d'un ordre plus technique, étaient toutes liées au style étrange de ces peintures qui ne ressemblent à rien de connu ailleurs. Comment leurs auteurs ont-ils pu apprendre à dessiner? Pourquoi choisissaient-ils de représenter toujours les animaux de profil? Pourquoi des dessins sont-ils si souvent superposés, et comment fait-on pour dessiner, sans faire d'erreur, pardessus un autre dessin? Pourquoi aucun dessin n'est-il vraiment raté, mais pourquoi tant ont-ils été laissés inachevés? Pourquoi la plupart de ces animaux se ressemblent-ils? Pourquoi les auteurs de ces œuvres ne semblent-ils jamais gênés par les reliefs de la paroi? Comment expliquer que certaines silhouettes soient représentées sans contour, tout en étant très identifiables?
D'autres particularités, plus générales, confirmaient, s'il en était besoin, la complexité du mystère à résoudre : pourquoi trouve-t-on, dans une même grotte, des dessins faits à des époques très éloignées? Comment expliquer cette constance de style pendant plus de 25 000 ans? Pourquoi les hommes du Paléolithique supérieur ne dessinaient-ils jamais dans les salles proches des entrées des grottes, mais toujours dans les coins les plus reculés? Pourquoi trouve-t-on des
« mains négatives» aux mêmes endroits? Que signifient les signes abstraits inscrits sur les parois? À quoi peut servir une tradition qui dure aussi longtemps, et pourquoi cette pratique cesset-elle soudain, sans qu'aucun texte ancien n'en parle, même comme une légende perdue dans le temps? Et comment, au fond, a pu naître, à cette lointaine époque, l'idée du dessin, qui est un concept très abstrait ?


Les auteurs :

Bertrand David
, diplômé des Beaux-Arts de Rennes, est peintre et dessinateur.

Jean-Jacques Lefrère
 est l'auteur d'une biographie d'Arthur Rimbaud (Fayard, 2001). Il a également publié, toujours chez Fayard, Les Saisons littéraires de Rodolphe Darzens (1998), Isidore Ducasse, comte de Lautréamont (1998), Che Guevara, en collaboration avec Jean-Hugues Berrou (2003), Jules Laforgue (2005), les albums Rimbaud à Harrar,Rimbaud à Aden et Rimbaud ailleurs, avec Pierre Leroy et Jean-Hugues Berrou (publiés entre 2001 et 2004), Ôte-moi d'un doute. L'énigme Corneille-Molière (avec Jean-Paul Goujon, 2006), et Correspondance d’Arthur Rimbaud (2007).

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A lire dans Archéologia numéro 508 de mars 2013.
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Dans le même numéro il faut lire également un dossier de plusieurs pages sur la grotte de Labaume Latrone qui présentent des déssins contemporains de la grotte Chauvet... et pourtant dans un style tout à fait différent. Un article signé Marc Azéma.

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Mise en ligne le 24/01/13, revue le 26/01/13