Cussac Grotte

La grotte de Cussac
Buisson-de-Cadouin
Gravettien
Dordogne

Le Lascaux de la gravure. La grotte de Cussac présente la particularité d’avoir dans la même cavité de l’art pariétal sur ses parois et des restes humains de 30 000 ans dans son sol. 

Découverte de la grotte de Cussac

La grotte de Cussac est située sur la commune du Buisson-de-Cadouin sur la rive droite du Belingou, afluent de la Dordogne. C’est la dernière grotte ornée référencée en Dordogne à une cinquantaine de kilomètres de la grotte de Lascaux.
La cavité était connue et même le préhistorien Denis Peyrony (né à Cussac !) y avait pénétré dans les années 50. Il avait rapidement été stoppé par un éboulis de blocs et de plaquettes calcaires.
C’est lors d’une visite de prospection spéléologique (2000) que les spéléologues Marc Delluc et Fabrice Massoulier dégagent la galerie obstruée. Revenant peu après, Marc Delluc va découvrir les premières gravures pariétales. En Octobre 2000, les préhistoriens Norbert Aujoulat et Christian Archambeau vont, eux, expertiser les restes humains jonchés le sol.
Depuis 2009 c’est le préhistorien Jacques Jaubert qui dirige les équipes qui réalisent les études de la grotte de Cussac.

Le plan de la grotte de Cussac

On pénètre dans la grotte en suivant un couloir d’une dizaine de mètres. On arrive dans lla zone appelée vestibule, plus large (jusqu’à 3 mètres) et sur une hauteur entre 1 et 2 mètres.
De part et d’autre deux galeries principale se développent : une en aval vers la gauche et une en amont vers la droite. Les galeries sont relativement accessibles : assez larges (plus de 10 mètres) et hautes d’une douzaine de mètres elles reprennent le cours de l’ancienne rivière souterraine, aujourd’hui enfoncée à l’étage inférieur. Au total ces galeries forment un réseau développé sur 1,6 km : 1 km vers l’ouest (amont) et 600 mètres vers l’est (aval).
C’est dans le segment aval que les chercheurs ont découvert « le plus grand nombre de figures. La plupart sont regroupées en panneaux, neuf au total, régulièrement espacés, de l’entrée jusqu’à l’extrémité distale constituant près de 90 % de l’iconographie de la grotte« .

Datation

Ce sont des échantillons d’ossements du squelette de la première bauge qui ont permis d’effectuer les premières datations directes. Sur des restes de collagène c’est la méthode de datation au carbone 14 qui a été appliquée. Les résultats exploitables donnent un âge de 25 120 ± 120 ans BP.
Ce sont bien les ossements qui sont datés directement. La proximité des sépultures et des gravures laissent penser que ce sont les mêmes générations d’humains qui ont gravés les parois que ceux qui ont déposés leurs morts. La contemporanéité des œuvres et des sépultures est donc probable.
Des datations ont ultérieurement été effectuées sur des mouchages de torches. C’est une pratique utilisée pour raviver la flamme d’une torche en frottant la partie enflammée sur la paroi ou le plafond d’une grotte. Les différentes études des morceaux de charbon ont permit d’établir un intervalle de 31 274 – 29 521 et un autre entre 29 704 et – 28 714 cal BP.

Les gravures

Situées dans la partie aval de la grotte, les gravures sont un enlèvement de matière avec le doigt ou avec un silex dans les parois sur plusieurs millimètres de profondeur.
Selon une étude publiée en 2022 :
– les gravures en U ont une profondeur moyenne comprise entre 2 et 4 mm et ont été réalisées avec un matériau tendre (plus végétal) ou avec les doigts
– les gravures en V ont une profondeur moyenne supérieure à 4mm réalisées avec un outil dur (en silex, en pierre, en matière osseuse).
« Les représentations sont le plus souvent située sur la partie médiane des parois de couleur ocre. Cette couche altérée a mis plusieurs dizaines de milliers d’années pour se former par un processus d’altération on physico-chlmique. Cette couche contient beaucoup de fer, ce qui donne cette couleur ocre. Le trait plus pâle des gravures correspond à la surface de calcaire moins altérée. »
La répartition des entités graphiques sur les parois de cette cavité, mais aussi au sol, n’est pas uniforme. On remarque un plus grand nombre de figures dans le segment aval, la plupart regroupées en panneaux, neuf au total, régulièrement espacés, de l’entrée jusqu’à l’extrémité distale constituant près de 90 % de l’iconographie de la grotte.
Au global ce sont plus de 1 000 entités graphiques qui ont été répertoriées. Elles appartiennent toutes au bestiaire traditionnel du gravettien : bisons, mammouths et chevaux. Mais on peut également retrouver des rhinocéros, bouquetins et des êtres humains…

De traces de pas humains…
Les paléolithiques de Cussac ont laissé un autre type de trace de leur passage : sept empreintes de pas ! Hors l’aspect rarissime de ce type d’empreintes de pas du paléolithique les chercheurs ont remarqué une particularité étonnante : les pieds ne présentent pas de trace des orteils…
Pour comprendre cette absence plusieurs expérimentations ont été réalisées. Parmi toutes les hypothèses testées la plus probable est que l’individu qui marchait dans la grotte n’était pas pieds nus il était chaussé de chaussons souples. Pour l’archéologue Lysianna Ledoux qui a dirigé cette étude les gravettiens portaient donc très probablement des chaussures souples, comme des mocassins,  lorsqu’ils se déplaçaient dans la grotte.

Les sépultures dans la grotte ornée… particularité remarquable

Une autre forme de témoignage préservée dans ce milieu a trait à la présence de nombreux vestiges osseux d’origine humaine, tous localisés dans la branche aval du réseau karstique (à gauche). Ils se trouvent majoritairement dans des dépressions du sol, des bauges à ours qui ont servi de « couche hivernale » à ces derniers.
Les restes humains sont situées dans deux secteurs. Le premier (Locus 1 et Locus 2) est situé à 150 mètres de l’entrée actuelle. Le deuxième (Locus 3) est 80 mètres plus loin.
Les chercheurs ont déterminé que la grotte de Cussac avait accueilli les ossements d’un minimum de six individus.
Cussac est, à ce jour, la seule grotte ornée gravettienne qui a accueilli dans ses profondeurs des sépultures. Cette association art parietal et dépôts funéraires rend la grotte de Cussac unique et exceptionnelle.
Pour le préhistorien Jacques Jaubert « Le caractère unique de Cussac réside tout d’abord dans le lieu où ont été effectuées ces dépôts : dans les prfondeurs du grotte ornée« . Il précise que toutes les sépultures gravettiennes connues jusqu’à présent se trouvebt dans des sites de plein air, des abris sous roches ou des entrées de grottes.

Un artefact… un seul !

Si les grottes ornées renferment généralement très peu d’artefacts en os, la grotte de Cussac en est l’exemple typique… En effet un seul objet a été retrouvé, à 600 mètres de l’entrée. Une pointe taillée dans les bois d’un jeune renne. L’objet a été brisé mais la « reconstruction » permet de d’estimer qu’il avait une longueur de 200 mm pour un diamètre de 15 mm. La fonction de cet outil, usé aux deux extrémités, n’a pas encore été formellement reconnue : pointe de sagaie ou pointe pour graver sur les parois ?
La préhistorienne Nejma Goutas (CNRS) précise « Son utilisation comme instrument de gravure est actuellement l’hypothèse privilégiée en raison de l’usure spécifique de ses extrémités (deux zones actives) et sa proximité avec… un panneau gravé (à environ 15 mètres), les Digitaux au mammouth… »
Des silex taillés ont également été découvert a Cussac

C.R.

Sources :
La grotte de Cussac Archéologie.culture.fr
2001 La grotte ornée de Cussac (Dordogne)‎. Observations liminaires
2018 La grotte de Cussac à Le Buisson-de-Cadouin
2021 Science et Avenir – Premières preuves d’usage de chaussures à la préhistoire en France
2021 Evidence of the use of soft footwear in the Gravettian cave of Cussac (Dordogne, France)
2022 Support et instruments : les media de la gravure dans la grotte de Cussac (Dordogne, France). Nouvelle approche méthodologique du Panneau du Réticulé
2022 Support et instruments : les media de la gravure dans la grotte de Cussac (Dordogne, France)
Émilie Brochard

La grotte de Cussac en bref…

Pas de visite de la grotte de Cussac : selon les saisons l’air provenant de la cavité n’est pas renouvelé et le CO2 monte et se stabilise à 3,5% ce qui peut provoquer des maux de tête ou des étourdissements. En effet, la teneur habituelle de CO2 dans l’atmosphère est de 0,004% !

Type	Techniques employées	Périodes	Occupation	Restes Humains
Grotte ornée	Gravures	Gravetien	25 000 ans BP	oui 3 sépultures
Dimensions	Nombre de représentations			Outils / Artefacts
1600 mètres de longueur	Plus de 150 gravures			Oui
Localisation	Accessibilité	Date découverte	Particularités
Le Buisson de Cadouin	Non ouvert à la visite / Dangereux	20/09/2000 par Marc Delluc	C’est la seule grotte ornée française à contenir également des squelettes humains.

Grotte de Cussac, – 30000 Sous la co-direction de Jacques Jaubert Cussac est une grotte à la fois ornée et sépulcrale. Venant marquer les 20 ans de la découverte, le présent ouvrage collectif sera le premier sur ce site sans équivalent. Généreusement illustré, dirigé par le responsable du projet collectif de recherche (Jacques Jaubert) et deux actrices décisives dans la conduite des études et la conservation du site (Valérie Feruglio et Nathalie Fourment), il se propose d’entraîner le lecteur dans une visite-découverte pas à pas du réseau souterrain. Les derniers résultats de la recherche seront ici dévoilés afin de partager avec le plus grand nombre ce qui fait de Cussac un site exceptionnel…

La grotte de Cussac – 30 000 – Un livre de Jacques Jaubert

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