La préhistoire en Touraine

La préhistoire en Touraine
Jean-Claude Marquet
Presses universitaires François-Rabelais

Un ouvrage de référence complet sur la préhistoire en Touraine. Les différents sites préhistoriques, les hommes du paléolithique et du néolithique qui y ont séjourné, les différents outils qu’ils ont élaboré… L’auteur présente également le cadre géologique et géographique de la région à la préhistoire. Un panorama complet du paléolithique, avec les fameuses lames du Grand-Pressigny, à l’Âge de fer en passant par l’édification des dolmens…

Les outils préhistoriques de la Touraine sont marqués par un gigantisme dû à l’extraordinaire taille et qualité des rognons et dalles de silexque la nature a mis à la disposition des hommes qui passaient par là. À l’extrême fin du Néolithique, dans le sud du Lochois, ils ont su exploiter cette ressource naturelle d’une manière particulièrement ingénieuse pour fabriquer des produits qui étaient alors convoités par beaucoup en Europe de l’ouest : les longues lames, objets de prestige, ont été retrouvées un peu partout, dans les habitats où elles ont servi de couteaux mais aussi dans les tombeaux comme témoins de l’importance sociale de leur ancien détenteur.
Cette deuxième édition de « La Préhistoire en Touraine » a été complètement revue et augmentée d’un certain nombre de sites qui ont été découverts et fouillés depuis la parution de la première édition, il y a dix ans.

Editions Ouest-France Université
598 pages
23,8 x 28,7 cm

Sommaire La Préhistoire en Touraine

Préface Yves Coppens
Histoire de la Préhistoire de la Touraine
Quelques grands noms de la Préhistoire tourangelle Auguste Lévéillé, Edmond Chaumier

Le paléolithique ancien
Les sites du Paléolithique ancien
les sites des Vallées de la Claise et de la Creuse, les sablières, des sites alluviaux…

Le paléolithique moyen
La sablière Dupin au Grand-pressigny
Le site de la Roche-Cotard à Langeais

Le paléolithique récent
L’Aurignacien , Le gravettien, le Solutréen, le Magdalénien

Le mésolithique
La Blancharderie à Perrusson, Civray à la Celle-Guenand

Le néolithique ancien, moyen et récent
Le Cardial de Ligueil, les Sables-de-Mareuil

Le néolithique final, les sites
Historique, les ateliers de taille, les cachettes de grands lames, les habitats

Le néolithique final, technologie, diffusion, importations
L’extraction des dalles de silex, les méthodes de production des lames

Les mégalithes
Les dolmens, les menhirs, les polissoirs fixes

De la préhistoire à l’histoire : les âges des métaux
L’Âge du bronze, l’Âge du fer

Géologie, géographie, chronologie et préhistoire
Eléménts de géologie, Préhistoire, géographie physique

Conclusion
Bibliographie
Glossaire

Un extrait La préhistoire en Touraine

« La Touraine préhistorique », la première grande synthèse sur la Préhistoire tourangelle a été publiée par le docteur Louis Dubreuil-Chambardel en 1923. C’est un ouvrage qui fait encore référence aujourd’hui pour une Préhistoire régionale qui a eu bien du mal à évoluer jusqu’au début des années 1970. Après le congrès préhistorique de France de Tours en 1910 qui voit une excursion se dérouler au Grand-Pressigny et dans les environs, beaucoup de pas seront faits pour parcourir les champs à la recherche de quelque bel outil ou de quelque belle « livre de beurre », beaucoup de mots seront dits sur des phénomènes que l’on ne saisit encore aujourd’hui que d’une manière très incomplète. Il faudra cependant attendre longtemps, trop longtemps pour que la recherche préhistorique moderne se fasse une place d’abord trop discrète mais heureusement aujourd’hui bien affirmée.
Pourquoi la fouille de grands sites de la Touraine du Sud n’at-elle pas été lancée beaucoup plus tôt alors qu’ailleurs, en France, en Dordogne assez proche mais aussi dans de nombreuses autres régions, les fouilles commençaient avec un abbé Breuil, un instituteur Peyrony et de nombreux autres passionnés de l’histoire de l’Homme qui allaient faire de la France un grand pays de Préhistoire ? Les raisons sont sans doute multiples mais il est probable que le caractère monstrueux des ateliers pressigniens, par l’abondance incroyable des éclats jonchant le sol de certaines parcelles, y est pour quelque chose et les recherches se limiteront donc très longtemps à des prospections pédestres et des ramassages sans méthode.
Beaucoup plus qu’un inventaire, l’ouvrage de Dubreuil-Chambardel établit un état de la Préhistoire de Touraine dans les années 20, juste après le congrès préhistorique de Tours en 1910. Il donne une description relativement détaillée de l’ensemble des sites, grands ou moins grands qui ont livré aux chercheurs ou collectionneurs de l’époque les premiers matériaux qui seront montrés, décrits, exposés aussi. À cette époque, posséder des objets remarquables, indices de l’ancienneté de l’homme, est un privilège d’érudit. La représentation que l’on se fait alors des hommes préhistoriques (fig. 1) est pleine de rêve et de poésie, c’est une image qui n’a plus cours aujourd’hui. La curiosité pour ces matériaux aura, comme souvent, un résultat à double tranchant : un aspect négatif avec la recherche effrénée des objets dans les champs notamment en Sud-Lochois mais un autre aussi, positif, conduisant à s’intéresser de plus en plus à l’histoire de l’Homme. On éprouve alors le besoin de conserver ces artéfacts, d’une manière mieux comprise, dans des collections qui constitueront rapidement l’ossature de musées importants comme celui de l’hôtel Gouïn à Tours et celui du Grand-Pressigny (Aujourd’hui, les collections préhistoriques de l’hôtel Gouïn ont été transportées au musée du Grand-Pressigny).
Près de trois quarts de siècle après le travail de Louis Dubreuil-Chambardel et un quart de siècle après le démarrage de fouilles scientifiques modernes en Touraine ; le temps était venu de mettre à la disposition de tous un document qui ne peut être considéré comme un état exhaustif de la Préhistoire tourangelle mais un document qui présente les sites majeurs et notamment ceux où ont eu lieu, au cours des vingt-cinq dernières années, des recherches scientifiquement garanties. C’est donc un état qui devra évidemment être revu et complété même après cette nouvelle mise à jour mais qui donne un aperçu, nous l’espérons, des connaissances qui ne feront que s’enrichir au cours des prochaines décennies.
Nous présenterons d’abord les grandes figures de la Préhistoire tourangelle. Nous traiterons
ensuite dans une série de chapitres, des différentes grandes périodes chronologiques. Nous
ferons le lien avec l’Histoire en présentant quelques grands sites protohistoriques. Nous
donnerons, seulement à la fin de l’ouvrage, les éléments indispensables sur la géologie de la
Touraine ; c’est en effet la nature du sous-sol qui commande les choix des matières premières
utilisées pour la fabrication des outils. Nous dirons quelques mots de la géographie qui commande les choix concernant les implantations des lieux de séjour. Enfin, nous terminerons
avec quelques considérations sur les spécificités de la Préhistoire de cette province, notamment le rôle qu’elle a pu tenir dans le contexte européen pendant une courte période de quatre siècles grâce à la qualité de certaines matières premières présentes dans son sous-sol.

Fig. 1 > « Le premier atelier de l’industrie humaine, ou l’atelier de fabrication et de polissage des silex à Pressigny ». Extrait de Louis Figuier, L’Homme primitif, Hachette, 1870.