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L'agriculture en Europe : des origine asiatiques... (29/11/10)

Néolithique : des fermiers du Proche-Orient sont venus apporter l'agriculture en Europe

Publiée en novembre dans la revue PLoS Biology, une étude internationale, dirigée par le Centre sur l'ADN ancien de l'Université d'Adélaïde (Australie), montre que l'agriculture a été introduite en Europe il y a 8 à 10 000 ans par des migrants venus du Proche-Orient.

La découverte
Passés au crible d'une analyse ADN détaillée, les 22 squelettes âgés de 8 000 ans d'une sépulture néolithique de Derenburg (Allemagne centrale), révèlent un apport génétique significatif de populations du Proche-Orient. Ces restes humains sont connus des archéologues pour appartenir à des fermiers des tous débuts de la culture rubanée (ou culture à céramique linéaire), datant de 5500 ans avant J.-C. : ces premiers agriculteurs d'Europe centrale étaient donc originaires d'Asie Mineure.

Loin d'être issus uniquement des chasseurs-cueilleurs habitant la région à la fin du paléolithique, ces fermiers présentent « une image génétique détaillée radicalement différente des populations nomades déjà présentes à l'époque », comme le souligne Wolfgang Haak, de l'Université d'Adélaïde, co-auteur de cette étude.

Un débat ancien
Posée de longue date, la question de l'origine des populations ayant introduit l'agriculture en Europe il y a quelque 8 000 ans semble donc trouver une réponse confirmant la thèse de l'Espagnol Pedro Bosch-Gimpera, selon laquelle les rubanés sont venus d'Asie Mineure, et ont acculturé et assimilé les groupes de chasseurs-cueilleurs autochtones, peu nombreux.

Une colonisation rendue possible grâce à leur économie agricole, apparue il y a environ 11 000 ans dans le fameux « croissant fertile » du Proche-Orient. La révolution agraire en Europe n'est donc pas uniquement due à un transfert d'idées, transmises de proche en proche, mais surtout à un mouvement de populations.

Techniques scientifiques imparables
Grâce à de vastes bases de données, les paléo-généticiens ont pu comparer certains haplo-types (séquences chromosomiques) de l'ADN mitochondrial (transmis uniquement par la mère, et différent de l'ADN du noyau cellulaire) des échantillons fossiles d'Allemagne avec, notamment, ceux d'habitants actuels de l'Irak et de l'Anatolie (Turquie). Les similarités trahissent une origine commune.

Comparaison de l'ADN mitochondrial des premiers agriculteurs européens
Comparaison de l'ADN mitochondrial
- Les points noirs indiquent la localisation des populations modernes utilisées dans l'analyse.
- La coloration indique le degré de proximité de la population locale moderne avec l'ensemble d'échantillons Néolithique. Plus les les séquences d'ADN sont proches plus la couleur est foncée et verte.
Plus les populations sont éloignées, plus la couleur est orangée et claire.
Source : PlosBiology

Des données biologiques qui donnent aussi des indications sur l'itinéraire possible des migrants : « nous avons également été capables d'utiliser ces signatures génétiques pour identifier une route potentielle depuis le Proche-Orient et l'Anatolie, où l'agriculture est apparue vers - 11 000 ans, via l'Europe du sud-est et le Bassin des Carpathes (la Hongrie), jusqu'à l'Europe centrale » dit le Dr Haak.

Une recherche à approfondir
Richard Villems, de l'Université de Tartu (Estonie) fait toutefois remarquer que d'autres recherches seront nécessaires pour préciser cette étude : l'ADN se conservant mieux sous les climats froids, il a été possible de travailler sur ces restes humains d'Allemagne, mais il serait souhaitable de les comparer avec des échantillons fossiles du Proche-Orient de la même époque - ce qui sera possible si tout va bien, espère-t-il.

Wolfgang Haak confirme : cette dernière découverte ne clôt pas totalement le débat sur les origines de l'agriculture en Europe, mais devrait « le pousser dans une certaine direction ».

Une pluridisciplinarité fructueuse
« Ce travail n'a été possible que grâce à une étroite collaboration avec les archéologues qui ont mis au jours les squelettes, pour s'assurer qu'aucun ADN moderne ne contamine les restes fossiles, et illustre tout le potentiel que donne la combinaison de l'archéologie et de la génétique » conclut le Pr Kurt Werner Alt, de l'Institut d'anthropologie de Mayence (Allemagne), qui a collaboré à l'étude.

F. Belnet

Sources :
ScienceDaily
BBC

 


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