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Livre - « Le geste du regard » de Renaud Ego
Livres - Le geste du regard - Renaud Ego

Le geste du regard
Renaud Ego
Editions l'Atelier contemporain
  



« Le geste du regard » de Renaud Ego, éditions L’Atelier contemporain, 2017.




Le geste du regard - livre


Présentation de l’éditeur :

La découverte des peintures de la Préhistoire s’est accompagnée du sentiment très puissant d’assister à une apparition. Cet enchantement a culminé avec la grotte de Lascaux puis avec celle de Chauvet, mais l’éblouissement qui continue d’envelopper les peintures laisse sur nos yeux une taie, semblable à un point aveugle, qui ne s’est toujours pas dissipée. Il est vrai que les préhistoriens ont concentré leur attention, non sur ce geste si novateur de rendre visible le monde sous la forme de figures, mais sur les usages supposés de ces premières images : être un passe-temps décoratif ou une tentative d’infléchir le succès de la chasse par « la magie sympathique » ; représenter une mythologie, faite de couples d’animaux incarnant une conception sexuée du monde ou encore, être un rituel chamanique de contact religieux. Mais la question de la genèse du dessin demeure entière et, tout environnés que nous sommes par les images, nous avons perdu de vue que cette invention est un prodigieux saut de pensée. Synthétiser une forme ou un être vivant en quelques traits qui saisissent leur apparence est une opération intellectuelle d’une folle portée. Quel a pu être le désir, si patiemment poursuivi, qui a conduit à la naissance de cet art ? De la pensée qui s’est ainsi haussée jusqu’au dessin, peut-on reprendre le trajet ? Le geste du regard est l’hypothèse de son acheminement vers la figure.


Renaud EGO
Renaud Ego est l’auteur d’une œuvre ouverte au jeu des genres qui composent la littérature. Parmi la douzaine de livres qu’il a écrits, figurent des récits comme Une légende des yeux (Actes sud, 2010), des poèmes, Le Désastre d’éden (Paroles d’Aube, 1995), La réalité n’a rien à voir (Le Castor Austral, 2006) et des essais sur la littérature comme L’Arpent du poème (Jean-Michel Place, 2002), l’architecture, S’il y a lieu (CRLFC, 2002) ou l’art comme San, art rupestre d’Afrique australe (Adam Biro, 2000), L’atelier de Jean Arp et Sophie Taeuber (Édition des Cendres, 2012), ou L’Animal voyant (Errance, 2015). Il est aussi l’introducteur en France du poète suédois Tomas Tranströmer, lauréat du prix Nobel, dont il a préfacé les œuvres complètes (Gallimard, 2004).


Table des matières "Le geste du regard"

Une apparition

« La naissance de l’art »

Deux hypothèses

Le monde fait signes

L’appropriation formelle de la matière

L’homme paré

De l’image du geste au geste de l’image

Éclosion de la vision

À qui s’apparenter ?

Le secret


Notes

Table des illustrations

Bibliographie

Extraits

Un extrait "Le geste du regard"
Eclosion de la vision
La dimension projective était déjà présente dans la taille des outils et peut-être aussi dans les tracés non iconiques. La figure va y ajouter une dimension analogique qui est aussi visionnaire.
Avec elle, cette volonté de voir qui avait longuement porté le trait vers son éclosion visuelle se réalise.
La figure est le geste du regard.
Sa véritable naissance a lieu à l’Aurignacien. À ce jour, les statuettes en ivoire du Jura souabe, en Allemagne (- 38 à - 35 000 ans), et les peintures de la grotte Chauvet, en Ardèche (+/ 36 000 ans), sont les plus vieilles connues. Il faut y ajouter, qui leur sont immédiatement postérieures, les peintures des grottes de Coliboaia en Roumanie, de Baume Latrone, dans le Gard, et les gravures des abris de la Ferrassie, du Castanet, de Blanchard et du Cellier en Dordogne, ou encore les figurines de Sungir en Russie et la Vénus de Galgenberg en Autriche.
Sitôt né, cet art fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle et, à Chauvet, d’une virtuosité dans la capture du mouvement et de la perspective qui témoigne d’une perception savante de l’espace où s’inscrivent ces figures et du temps où se déploie leur mouvement. La figuration en deux ou trois dimensions relèverait donc, à l’échelle de la longue durée de ces phénomènes, d’une même étape dans l’affinement de la pensée. En se passant du volume ou en le restituant par des moyens illusionnistes, peinture et gravure témoigneraient simplement d’un plus haut degré de synthèse que la sculpture. La sculpture a certes un lien beaucoup plus immédiat avec les gestes de la taille, mais rien ne prouve qu’elle fût un maillon entre la taille et le dessin. Notons toutefois que certaines statuettes présentent des liens évidents avec les parures et que de nombreuses Vénus – en particulier celle de Hohle Fels dont la tête est réduite à l’anneau destiné à la suspendre – étaient portées au cou. D’autres, en raison de leur très petite taille, devaient être aussi conservées près de soi, comme des amulettes ou des talismans ayant une valeur tactile autant que visuelle. Alors, depuis les décorations et parures corporelles jusqu’aux peintures rupestres, les hommes se seraient-ils donné un surcroît d’apparences, conformément à ce mouvement continu d’extension de leur propre puissance qui les a toujours conduits à confier à des outils extérieurs, plus efficaces, les fonctions que leur corps assumait ? Je pose ce déplacement, toujours envisageable, comme une hypothèse incidente mais conforme à la nature détachée des images.

Même précédée par quelques témoignages de tracés non iconiques, la figure apparaît dès les débuts du foisonnement graphique. En cela, tracés non iconiques et iconiques, ou si l’on préfère signes et figures, semblent bien être les deux faces d’une même aptitude, les fourches d’une même « langue » visuelle bifide. Certains signes étaient-ils les esquisses schématiques de figures cherchant leur voie ? Ou à l’inverse, étaient-ils le fruit d’une stylisation progressive de figures dont le code analogique initial nous serait désormais inaccessible ? L’essence plastique des tracés leur permettait de passer de l’un à l’autre. Et si la figuration de la réalité extérieure a surgi dès que le graphisme est devenu une compétence culturelle, c’est bien parce que le désir de capturer le monde en saisissant ses apparences en était l’intime motivation, l’intention qui n’avait cessé de se chercher dans le trait et finissait par se découvrir.

 


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Mise en ligne le 20/07/17