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Les Néolithiques et nous
Les Néolithiques et nous
Sommes-nous si différents ?
Jean Guilaine
Présentation par l’éditeur :
Notre monde est dangereux et anxiogène : changements climatiques, guerres alimentées par les impérialismes, pandémies, inégalités sociales.
Était-ce mieux avant ?
Dans ce livre, Jean Guilaine répond en remontant aux premières civilisations sédentaires, qui ont créé le village, puis la ville : le Néolithique, apparu il y a 10 000 ans et qui constitue les fondements mêmes de notre histoire. Il montre que beaucoup des maux auxquels nous faisons face aujourd’hui ont déjà été affrontés par nos ancêtres. L’amélioration des savoirs et des techniques, le développement de l’éducation et de l’humanisme ont-ils donc échoué à atténuer les mauvais penchants des humains ?
« Que retirer de ce parallèle entre aujourd’hui et le Néolithique ? Plus de similitudes que de divergences dans la façon de se comporter des humains. Comme si l’être préhistorique vivait toujours en nous. Autopsier le Néolithique, c’est donc un peu nous regarder dans un miroir. » (J. G.) Un livre stimulant, qui nous appelle à rester vigilants face aux dérives de notre espèce.
Quand la préhistoire nous permet de comprendre le présent et éclaire aussi l’avenir.
232 pages
14,5 x 22,0
Editions Odile Jacobs
Hominides.com
Comme le dise les anciens c’était toujours mieux avant : avant il y avait des saisons… de mon temps les gens étaient moins malades… il y avait moins d’insécurité… les gens s’entraidaient…
Allant beaucoup plus loin dans le temps, la période Néolithique est souvent présenté comme une sorte de paradis ou l’harmonie, le calme, la bienveillance, l’abondance forment un environnement quasi édénique…
Spécialiste du néolithique, le préhistorien Jean Guilaine veut séparer le vrai du faux pour savoir si cette période était vraiment aussi paradisiaque que l’on peut le penser. La question est donc de savoir si la vie était vraiment meilleure au néolithique…
Le début de notre civilisation présente de nombreuses analogies avec les problèmes actuels : l’agressivité dans les rapports humains, la montée en puissance de « castes », les inégalités grandissantes, les problématiques de sécurité…
Le préhistorien montre que le « c’était mieux avant » n’est pas du tout prouvé et que en dédinitive nous sommes toujours un peu coincé dans le néolithique, comme si nous n’arrivions pas à nous sortir de ce que nous avons engagé à la préhistoire…
Finalement entre les humains du néolithique et nous… il n’y a pas autant de différences que cela !
A vous de découvrir tout ce qui nous rapproche ou nous éloigne du Néolithique.
C.R.
L’auteur, Jean-Guilaine
Né le 24 décembre 1936 , Jean Guilaine est un archéologue spécialisé dans l’étude du Néolitique et de la Préhistoire récente. Après une carrière exemplaire au CNRS il a été professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’Age du Bronze. Il est l’un des plus grands spécialistes du Néolithique.
Derniers ouvrages :
– Sépultures et Sociétés
– La seconde naissance de l’homme
– Cain, Abel et Otzi l’héritage néolithique.
– Femmes d’hier
– Paul Tournal, fondateur de la préhistoire
Il est l’également l’auteur d’un roman : Pourquoi j’ai construit une maison carrée.
Sommaire de « Les néolithiques et nous »
Avant-propos
Chapitre 1 – Vestiges de la domination et du pouvoir
Sentiment de supériorité et glorification de soi
La distinction
Conserver le pouvoir : unions consanguines
Contestations politiques ou sociales : la cancel culure et les idoles qu’on abat
Globalisation versus dispersion
Chapitre 2 – Inégalités sociale, oppressions
Disparités sociales
Patriarcat
Le rapt des femmes
Matriarcat ?
Déjà des esclaves ?
Les morts d’accompagnement
Chapitre 3 – Changements climatiques et catastrophes naturelles
Des changements climatiques contraignants – l’événement à 6200 avant notre ère
L’inquiétant montée des eaux
Sécheresse
Eruptions volcaniques
Séismes et tsunamis
Chapitre 4 – Perturbations de l’environnement
Aux racines de l’Anthropocène
Des pics d’aridité
Manques d’eau et artifices hydrauliques
Gestions des déchets
Eventrer la terre
Haro sur le cuivre
Chapitre 5 – Maladies épidémies
Santé : comment allez-vous
Déjà, la plupart des nos maladies
Pathologies des l’appareil digestif
La peste
Chapitre 6 – Guerres et barbarie humaine
Guerres et confrontations
Des pelotons d’exécution
Règlements de comptes et assassinats
Sacrifices et rituels sanguinaires
Corps et cadavres outragés
Consommer ses semblables
Strangulations : incaprettamenti ?
Chapitre 7 – Oscillations démographiques et avatars historiques
Une démographie galopante
Migrants
Des mégasites aux mégapoles
Dépeuplements et bandons
Effondrements
Epilogues
Orientation bibliographique
Remerciements
Un extrait de « Les néolithiques et nous«
… La violence politique ne s’embarrasse d’aucune déontologie…
Rien ne permet de penser qu’il ait ou en être autrement tout au long de la préhistoire. Certes nous ne saurons jamais si, au sein d’une sépulture collective du Néolithique final, un individu percé d’un projectile létal a été victime d’un raid guerrier, d’un accident de chasse ou de la vindicte de son voisin. Constatons toutefois que l’« invention » au IV° millénaire avant notre ère du poignard à lame de silex d’abord, mais peu après à stylet de cuivre, a facilité les comportements d’homicide, dans un contact direct avec le corps de la victime. On peut ainsi prendre l’exemple d’un sujet dont la dépouille gisait, au milieu de dizaines de défunts, dans la grotte sépulcrale du Pas-de-Joulié à Trèves (Gard). Au sein de cette nécropole souterraine, il est le seul, semble-t-il, à avoir été victime d’un assassinat. Il porte encore, enfoncé dans sa colonne vertébrale, la lame de cuivre du poignard qui lui a ravi l’existence (pl. 14).
Un autre exemple de meurtre a été davantage médiatisé. Il s’agit de celui concernant le fameux «Ötzi », alias Hibernatus ou encore « l’homme des glaces » dont la momie est exposée à la vue des visiteurs dans le musée qui lui est consacré dans la ville italienne de Bolzano, près de la frontière avec l’Autriche (pl. 15). Ce singulier personnage n’a peut-être pas livré aux scientifiques toutes les informations qu’ils en attendent. On le découvrit le 19 septembre 1991 dans les Alpes du Tyrol, à quelque 3 210 mètres d’altitude. Son corps était resté, pendant plus de cinq millénaires, prisonnier des glaces avant d’être libéré en raison du radoucissement climatique contemporain. Le carbone 14 a parlé : il était mort vers 3200 ans avant notre ère. Les anthropologues ont passé sa dépouille au crible.
On l’a dit âgé de 40 à 50 ans. Pas très grand (1,60 mètre) mais plutôt musclé, les cheveux ondulés et bruns, barbu, tatoué en quelques points de son anatomie. Une santé médiocre : arthrose et artériosclérose. Vêtu d’une longue tunique de cuir, d’un pagne en peau de chèvre, de jambières, le tout surmonté d’une cape d’herbes tressées. Muni d’une cognée à lame de cuivre, d’un petit couteau de silex, d’un carquois comportant 14 flèches en bois de viome et d’un arc, autant d’atouts pour affronter l’adversité, peut-on penser. Sauf qu’une partie de cet attirail était inefficace: l’are était inachevé de même que plusieurs de ses projectiles.
La première impression des chercheurs qui étudièrent cet individu le crurent mort de froid, pris dans une tempête de neige alors qu’il tentait de franchir quelque col alpin. On découvrit par la suite qu’il n’en était rien et qu’il avait succombé à une flèche qui lui avait transpercé l’épaule gauche On vit en lui un malheureux tombé dans une embuscade tendue par quelques pillards des montagnes. Une bonne raison de s’apitoyer sur ce méfait et sa victime. On devrait apprendre plus tard que des traces de sang repérées sur sa cape, son couteaui et deux de ses flèches appartenaient à quatre personnes distinctes et que notre homme avait donc « manipulé » ou été en contact avec l’hémoglobine de plusieurs autres individus. Ce pauvre hère n’aurait-il pas été lui-même un tueur, un serial killer, l’auteur de quelque rixe sanglante? Aurait-il été abattu parce qu’il était lui-même un assassin? Les spéculations s’arrêtent là : le meurtre d’Otzi est une réalité, son implication dans une bagarre mortelle une hypothèse vraisemblable. Toute cette histoire nous apprend que le crime rôdait au Néolithique.












Les sciences de l’Homme et la violence collective (XIXe-XXIe siècles)

Alain Beynex



Laurent Carozza, Cyril Marcigny

de François Djindjian (Sous la direction de)




