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Comment nous sommes devenus bipèdes
Comment nous sommes devenus bipèdes
Le mythe des enfants-loups
Préface d’Yves Coppens
Christine Tardieu
| Un essai scientifique étudie l’évolution de l’être humain et les changements qui lui ont permis de devenir bipède. |
Présentation de l’éditeur
La marche bipède est-elle inscrite dans nos gènes ? Que nous apprennent les fossiles laissés par nos ancêtres ? Quels changements se sont produits au cours de notre évolution qui ont adapté notre morphologie à la bipédie ?
Comment un tout-petit se redresse-t-il, comment apprend-il à marcher ? Comment son squelette doit-il s’adapter pour composer avec la gravité et les lois de l’équilibre ? Et pourquoi, parfois, cet apprentissage ne se fait-il pas ou bien se fait-il mal ?
Fruit de la sélection naturelle, la bipédie nous est devenue si familière qu’on en oublierait presque le défi qu’elle constitue. Enfants-loups, enfants sauvages, familles quadrupèdes en Turquie ou en Irak sont là pour nous rappeler combien cet équilibre ne va pas de soi…
Hominides.com
L’auteure, biologiste de l’évolution et paléontologue, montre que si l’homme est devenu un bipède permanent, son squelette n’était pas ,de prime abord, adapté à ce mode de locomotion.
La sélection naturelle a permis à notre espèce de transformer notre morphologie. Toutefois les enfants des Homo sapiens doivent toujours trouver l’équilibre et c’est toujours un évènement que de voir les premier pas de nos bambin.
A noter une partie sur les hommes quadrupèdes en Turquie permet de mettre en avant que la bipédie c’est aussi une question d’apprentissage.
Un essai mélangeant anthropologie, biologie, évolution et petites histoires…
C.R.
Odile Jacobs
226 pages,
21,5 x 14,5 cm
Sortie 18/12/2012
L’auteur de l’ouvrage Comment nous sommes devenus bipèdes
Christine Tardieu est biologiste de l’évolution, paléontologue, spécialiste de morphologie fonctionnelle et biomécanicienne. Directrice de recherche au CNRS, elle travaille au laboratoire d’anatomie comparée du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
Sommaire de l’ouvrage Comment nous sommes devenus bipèdes
Préface d’Yves Coppens
Préface d’Yves Coppens Introduction 1. Les enfants-loups La force du mythe D’étranges « créatures » Journal de vie de deux enfants Les « enfants-loups » de Midnapore Une interprétation aujourd’hui réfutée 2. L’héritage de la sélection naturelle Qu’on fait nos gènes ? Premier atout : une tête en position d’équilibre Deuxième atout : un bassin qui forme un ancrage stable Troisième atout : un pied d’appui de propulsion, qui a perdu sa préhensilité Quatrième atout : des proportions corporelles adaptées à la bipédie Pourquoi la bipédie a-t-elle été sélectionnée ? Quels avantages évolutifs confère-t-elle ? Oui, les enfants-loups ont bénéficié de cet héritage ; pourtant, ils ne se redressent pas… 3. Le long apprentissage de la marche Que fait la gravité ? La brève aventure in utero Les modifications de notre squelette au cours de l’apprentissage de la marche Témoignage de macaques japonais entraînés à la bipédie Mille façons de mettre en charge son squelette Oser la bipédie ? Dévoiler le secret du squelette des enfants-loups ? 4. L’intermede répéto En compagnie des chimpanzés, une expérience sur la marche bipède Les péripéties et mésaventures de l’expérience et de sa préparation Recueil des données Des résultats inattendus 5. Bipédes sous les tropiques : et ensuite ? Quelle tactique face à l’hyperthermie chez les hominidés désormais bipèdes ? Une concurrence métabolique entre cerveau et intestins 6. Le mythe des enfants-loups s’écroule-t-il ? À la recherche d’autres enfants-loups : l’histoire de Victor, l’enfant de l’Aveyron Une enquête minutieuse sur les enfants sauvages La biologie sociale du loup : une clé qui accrédite les cas exceptionnels d’enfants-loups Wednesday avait 9 ans Deux cas d’enfants sauvages restés quadrupèdes Marie-Angélique, seule enfant sauvage revenue à une vie entièrement normale Au total 7. Une famille quadrupède en Turquie La maladie responsable : une hypoplasie du cervelet D’autres enfants atteints en Irak et en Iran Et maintenant ? Oser la bipédie ! 8. L’évolution une brève histoire des idées Les premières grandes figures gravitant autour de Darwin Mendel et les lois fondamentales de l’hérédité L’hypothèse de l’hérédité des caractères acquis finalement réfutée Variations et hérédité : la relève de Mendel La théorie synthétique de l’évolution… et sa dérive Waddington et le paradigme épigénétique : un précurseur incompris Les avancées de la biologie moléculaire Retour à la bipédie avec Waddington : une clé d’interprétation de mes résultats 9. Correspondance entre deux grandes figures de l’évolution En toile de fond, la répression stalinienne de la génétique Un cadeau suspect : la ruse du cheval de Troie Un sursaut de bonheur Le centenaire de Darwin en URSS Pour conclure Epilogue Notes et références bibliographiques Remerciements |
Un extrait de l’ouvrage Comment nous sommes devenus bipèdes
Oser la bipédie ?
Revenons à nos enfants-loups. La bipédie, je l’ai dit, n’est pas seulement une affaire d’évolution, d’héritage ; c’est aussi une affaire d’apprentissage. De façon évidente, l’enfant-loup ne connaît pas cet apprentissage. Pourquoi ne peut-il pas le faire?
C’est une autre question essentielle qui émerge alors : le petit enfant qui effectue ses premiers pas bipèdes se met-il debout spontanément, obéissant à un comportement inné impératif, génétiquement programmé — ce que l’observation immédiate semble suggérer – ou bien se met-il debout pour d’autres raisons liées à son environnement?
Boris Cyrulnik, dans son livre La Naissance du sen5″, a suivi et décrit les comportements du tout petit enfant depuis sa nais-sance. Éthologiste et neuropsychiatre, il fait apparaître toutes les interférences du milieu affectif extérieur que l’enfant déchiffre petit à petit et qui donnent sens à ses comportements. Les premiers pas du petit d’homme en position érigée constituent à cet égard un comportement emblématique. Cyrulnik a étudié minutieusement des enfants normaux et des enfants privés de tout environnement affectif, et il les a filmés au moment de l’age de l’apprentissage de la marche. Ces films ont révélé qu’un enfant normal, pendant toute la période où il tente ses premiers pas debout, jette toujours un coup d’œil discret à son entou-rage, cherchant un encouragement, quêtant une adhésion, un appui… qu’il reçoit sous de multiples formes – coup d’œil complice, geste d’approbation, ton de la voix venant de la mère, du père, d’une nourrice ou d’un proche… Boris Cyrulnik a appelé « enfants-placards » ces petits enfants qui ne parviennent pas à se mettre debout et restent quadrupèdes, parce qu’ils ne reçoivent pas de réponse à leur quête ou ne peuvent faire cette quête faute d’un entourage affectif ou même social.
Si je résumais, je dirais que le petit d’homme doit « oser » la bipédie : pour lui, se mettre debout, c’est rencontrer une relation qui encourage son attitude ; c’est répondre à un réseau de relations qui donnent sens à son intégration. Se redresser, c’est être accueilli dans un univers relationnel qui confere une signification à ce comportement. Faute de cet encouragement, il reste à quatre pattes, comme le font les enfants-loups et ces enfants tôt abandonnés dits « enfants-placards ».
Loin d’être strictement génétiquement programmé, le comportement bipède s’apprend en s’épaulant sur l’entourage qui doit livrer des signes d’approbation, de reconnaissance. Boris Cyrulnik met en lumière le décodage de ces signes qui sont des médiateurs affectifs permettant la réussite de ce comportement.
Ce cheminement qui dépend totalement de l’environnement est dit épigénétique. Il permet au petit d’homme de se construire comme sujet en relation.











Brigitte Senut avec Michel Devillers




