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Bouquets d’hommages à Jean Clottes
Bouquets d’hommages à Jean Clottes
Centre Jean Clottes de Tarascon-sur-Ariège (Parc de la préhistoire) le 21 octobre 2023.
Par Pedro Lima, journaliste scientifique et auteur
Alors que la nuit tombait sur le majestueux décor montagneux qui encercle le Parc de la préhistoire de Tarascon-sur-Ariège, ce samedi 21 octobre, chacune et chacun des participants (une centaine) à l’après-midi de rencontres et d’échanges organisée autour du grand préhistorien Jean Clottes, désormais retraité, avait conscience d’avoir vécu des moments précieux, empreints d’humanité. Profondément ému, le spécialiste d’un art rupestre mondial auquel il a consacré sa vie prenait alors pour la première fois la parole, pour dire à quel point cette journée l’avait touché, et comblé de joie, avant de se retirer.
Une après-midi dédiée au chercheur né il y a 90 ans à Espéraza dans l’Aude voisine, donc, mais à mille lieues d’un hommage pompeux, bien au contraire. En présence de sa famille, le « la » était donné, dès 14h à l’accueil des invités appartenant à la communauté des archéologues au sens large et parfois venus de loin (France, Espagne, Inde…), par les notes sensibles d’un duo de flûte traversière (Isabelle Bagur) et de guitare (Jean-Paul Raffit). Avant que Pascal Alard, du conseil départemental de l’Ariège, instigateur et animateur de la journée, ne remercie chaleureusement le préhistorien, assis au premier rang, pour son œuvre immense en faveur de la connaissance et de la diffusion du patrimoine préhistorique ariégeois.
Puis, c’est le comte Robert Bégouën, conservateur des cavernes du Volp et compagnon de route, qui rappelait avec humour et empathie les moments complices partagés avec Jean Clottes et les équipes de fouilleurs durant la longue aventure des recherches dans la très riche grotte d’Enlène, cavité-sœur de celles du Tuc d’Audoubert et des Trois-Frères. Tout au long de l’après-midi, chaque intervention et table-ronde, dans l’amphithéâtre comble qui porte son nom, était l’occasion d’évoquer une facette du travail immense accompli par Jean Clottes pour la compréhension et le partage du patrimoine archéologique, et pas seulement pariétal : préhistoire du Lot des origines à l’Âge du Fer, mégalithismes du Quercy et d’ailleurs, cavernes ariégeoises… Jusqu’aux années 1990 et l’étude des deux « stars » que furent Cosquer et Chauvet, puis les périples sur tous les continents (sauf l’Antarctique !) à la découverte des arts rupestres du monde, qui ont été sa grande passion.
Le rire n’était jamais loin, comme lorsque son ami Jean Courtin, présent en visio-conférence, évoquait les séances de gastronomie et de vaisselle dans la calanque des Goudes à proximité de la grotte Cosquer qu’ils étudièrent ensemble… Ou lorsqu’un film tourné en Inde avec Meenakshi Dubey-Pathak, présente à Tarascon-sur-Ariège, montrait le chercheur dans les positions les plus acrobatiques pour trouver le bon angle de prise de vue d’une paroi ornée d’animaux ou d’anthropomorphes. Plus grave, Sidi Mohamed Iliès, guide touristique et fondateur de l’association Anigourane pour la préservation de l’art rupestre du Niger, empêché de voyager du fait de la situation dans son pays, évoquait dans une interview filmée l’affection de Jean Clottes pour ce pays, ses habitants Touaregs et son art rupestre, soulignant le lien là-encore indéfectible qui l’unissait au préhistorien. La qualité des relations une fois la confiance installée, l’ouverture aux autres et la volonté de partage y compris avec les médias et le grand-public, revenaient comme un fil conducteur tout au long des échanges. Disponibilité jamais démentie, confiance et même soutien de la part du chercheur pourtant surchargé de travail, dont l’auteur de ces lignes tient à témoigner avec reconnaissance, depuis le premier coup de téléphone passé en 1995 à l’occasion d’un reportage dans la vallée portugaise du Côa jusqu’à une inoubliable visite commune de la grotte de Lascaux, en 2011.
Autour du buffet de clôture, c’est en entonnant le chant « Santander la mariñera » que ses compagnons espagnols, venu de la Cantabrie voisine, rendaient hommage au spécialiste d’art rupestre qui œuvra sans relâche pour la reconnaissance de l’importance des grottes ornées de leur région. Ravi, Jean Clottes tombait après les dernières notes dans les bras de ses amis… Preuve que le chant et la musique expriment aussi, et parfois mieux que les discours, la réalité et la profondeur des choses humaines.
Pedro Lima
Robert Bégouën, Jean Clottes, Valérie Feruglio, Andreas Pastoors
Jean Clottes a été mon professeur d’anglais au lycée de Foix. A une époque lointaine, presque préhistorique !
Un immense merci pour toute son œuvre passionnée.
Merci beaucoup Pedro, pour ce bel article qui reflète parfaitement l’atmosphère chaleureuse, émouvante, amusante aussi, et très humaine de cette belle après-midi d’hommages et de partages et qui méritait donc largement cet article sur Hominidés. J’espère que quelqu’un pourra le faire lire à Jean Clottes, que nous étions tous si heureux d’avoir auprès de nous ce jour-là !
Honneurs Grandement mérités ! Merci Monsieur pour vos efforts et votre passion communicative ! Les reconnaissances de nos amis de Cantabrie sont de beaux suppléments de reconnaissances pertinentes a tous les niveaux! Vos travaux travaux devraient être promus dans tous les manuels scolaires ! Mais ça c est autres choses en regard de notre évolution Culturelle Nationale! Les Archéologues, mes, nos, amis sont les grands oubliés ! Merci à Hominidés! Merci Thank you merci a vous Tous!