Accueil / Accueil – articles / Un humérus humain à Montmaurin dans la grotte de Coupe-Gorge
Un humérus humain à Montmaurin dans la grotte de Coupe-Gorge
Des restes humains mâchouillés par une hyène ? C’est ce que semble indiquer les traces de morsures et les brisures sur l’humérus de Montmaurin. |
Montmaurin, un site fouillé depuis plus de 100 ans
En Haute-Garonne, au pied des Pyrénées un site archéologique connu depuis le début du XXe siècle continue de délivrer des restes humains préhistoriques. Sur le massif de Montmaurin plusieurs cavité ont été fouillées : les grottes de « Coupe-gorge »,de « la Niche », de « la Coupe, de « la Boule » ou « du Putois ». De grands noms de la Préhistoire et de l’anthropologie sont venus étudier les profondes cavités. Parmi eux ont peut citer Emile Cartailhac, Marcelin Boule, René de Saint-Perier et Louis Méroc.
En 1949 une mandibule humaine est mise au jour, par Raoul Cammas, dans la cheminée dite » de La Niche « . Ce fossile fut à l’époque considérée comme le plus vieux fossile humain de France. En 2018 une nouvelle étude de la mandibule, publiée dans PlosOne par l’équipe d’Amélie Vialet, démontre que l’appartenance des restes à l’espèce Homo néandertalensis n’est pas aussi claire que on le prenait précédemnet.
Lors des fouilles estivales en 2020, l’équipe de la paléoanthropologue Amélie Vialet (Muséum National d’Histoire Naturelle – MNHN) y a fait une nouvelle découverte : une dent vieille d’environ 70 000 ans attribuée à Néandertal.
Les fouilles de 2022 : une découverte de poids
La campagne de fouilles estivale a réuni des membres du Muséum national d’Histoire naturelle avec des spécialistes du Centre de Recherches de Tautavel (UPVD) et du Muséum de Toulouse. L’équipe, menée par Amélie Vialet a repris les fouilles dans la grotte de Coupe-Gorge et a découvert un humérus humain datant du Paléolithique supérieur. Une période qui a livré peu de restes humains.
Une découverte faite dans un niveau archéologique riche en vestiges de faune (cheval, renne, ours, rhinocéros…) accumulés par des hyènes qui s’y étaient installés au cours du Paléolithique.
« Nous ne pensions pas trouver un reste humain dans ce contexte qui est celui d’une occupation par des carnivores. La hyène a consommé des carcasses et a laissé ses excréments fossilisés. Pour ce début du Paléolithique supérieur, nous avons peu de restes humains. Tout cela fait que c’est une découverte importante » explique la paléoanthropologue, Amélie Vialet.
Un humérus, mais de quelle espèce ?
Cet os appartenait à un être humain mais il n’est pas encore possible de déterminer son appartenance à une espèces entre Homo neanderthalensis et Homo sapiens. Amélie Vialet a déjà pu reprendre les caractéristiques de l’os. La forme et les dimensions de l’humérus indiquent qu’ils appartenaient à un individu de « petite taille » avec « un os très épais ». Même si ces caractères primitifs évoquent plus un néandertalien qu’un sapiens, l’équipe indique que des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer précisément l’espèce.
La datation pourrait permettre d’éliminer Néandertal si l’humérus était clairement de -35 000 ans (en effet Homo neanderthalensis s’est éteint il y a environ 40 000 ans).
« Nous pourrions dater l’ossement lui-même, grâce à une analyse au radiocarbone, mais il faut faire un petit prélèvement. Les restes étant exceptionnels, ce n’est pas facile d’effectuer prélèvement mais ce serait quand même la solution idéale pour obtenir une datation, espère Amélie Vialet. Cela nous permettrait de trancher plus facilement entre Néandertal et Homo Sapiens. Ce serait vraiment la clé.«
Les hyènes ont profité de ces ossements.
Tous les ossements retrouvés dans cette partie de stratigraphie portent des traces de machouillage de hyène. L’humérus humain ne déroge pas à la règle et il est évident que l’individu a été au menu de ces charmants carnassiers.
L’os a été mâchouillé comme le montre les traces visibles à l’oeil nu. Par ailleurs les extrémités sont absentes et la partie centrale a été fracturée pour en retirer la moelle .Ces derniers éléments peuvent également faire penser que l’individu a été également cannibalisé par des êtres humains.
Une chose est évidente pour les chercheurs : les hyènes ont fait un festin à Montmaurin… et l’humain était au menu !
Sources
FR3
PetiteRepublique
Silvana Condemi, Jean-François Mondot