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La grotte ornée de Saint-Cirq - Les représentations de la zone profonde - Extraits

La grotte ornée de Saint-Cirq , la zone profonde
Brigitte et Gilles Delluc et Francis Guichard
Extrait du Bulletin de la Société préhistorique Française

Tome 84, 1987, Etude et travaux
Numéro 10-12



Description des gravures et des sculptures

Depuis une dizaine d'années, nous fournissons, pour chaque œuvre pariétale, un relevé « analytique », qui analyse les particularités technologiques des traits gravés ou sculptés et des surfaces environ­nantes (Delluc, 1978 ; 1984 ; Delluc, Lejeune, Soleil­havoup, 1986). Ce relevé permet de faire l'économie de longues descriptions (fig. 5) : la nature des traits, par exemple, se lit sur le dessin. Des relevés tradi­tionnels, synthétiques, disposés en tableaux, regroupent les figures par catégories et illustrent les commentaires.

  La zone d'entrée de la grotte de Saint-Cirq
  La zone profonde de la grotte de Saint-Cirq


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Zone profonde de Saint-Cirq

La voûte de la zone profonde est une surface sub­horizontale, très basse (à peine 1 m au-dessus du sol rocheux), au relief tourmenté. Elle s'élève au niveau de la diaclase (permettant la progression à quatre pattes) et au niveau d'une coupole sous laquelle on peut s'asseoir. Cette coupole, ovale (1,40 m de long sur 0,80 m de large, et 30 cm de flèche maximum), de grand axe nord-ouest-sud-est, parallèle à celui de la diaclase, est contiguë à celle-ci. Elle est creusée dans sa partie ouest par une série de petites coupoles réunies en une large fissure. La décoration affecte les portions sud, est et nord de la coupole, autour de cette large fissure (nos 15 à 24). Elle débute dans la diaclase, immédiatement avant la coupole (nos 11 à 14) ; elle s'étend à peine sous la voûte surbaissée (n° 28) et s'achève dans la diaclase, immédiatement au-delà de la coupole, par le panneau des figures n° 25,26 et 27.

11 - Trois traits subverticaux, convergents en bas (10 cm de haut), gravés sur la paroi droite de la diaclase, à 1,10 m du sol rocheux (Rll). Le support, à peu près vertical, est argileux, calcité, corrodé et couvert de traits superficiels, irréguliers, d'origine animale sans doute (vieilles griffades). Les trois traits d'origine humaine, à droite du panneau, sont vigoureux (l = 4 à 5 mm, p = 3 mm).

12 - Trait récurrent (26 cm de large), gravé sous la voûte de la zone profonde, non loin de la diaclase. R12 est à 1,06 m du sol rocheux. Son support, incliné de 45" sur la verticale, regarde vers l'axe de la diaclase, vers le bas et un peu vers l'entrée; il est très altéré par des plages de piquetage lié aux aménagements troglodytiques de la caverne. Le trait 12 (1 = 10 mm, p = 6 mm) évoque le vestige ou l'ébauche de la ligne dorsale d'un animal. A proximité, quelques traits d'allure mo­derne. A peu de distance, dans les rares zones préservées du piquetage moderne : traits en quadrillage ou chevrons (griffades probables) et un trait sinueux épaufré (1 = 10 mm, p = 2 à 3 mm).

13 - Bouquetin incomplet (?), tourné à (15 cm de large et 16 de haut). RB est à 0,90 m du sol. Le support, incliné à 45°, forme un auvent qui regarde vers l'axe de la diaclase, vers le bas et vers l'entrée (au revers de ce relief est gravée la tête de bison n° 15). La figure est gravée sur une surface très noircie, ayant échappé à la chute d'écailles superficielles à fond blanchâtre. Elle se limite à la tête et au poitrail d'un bouquetin alpin probable (convexité régulière de la corne). Le poitrail est dessiné par un trait assez vigoureux (l = à 7 mm, p = à 3 mm), en S italique. Tous les autres traits sont nettement plus superficiels (1 = à 4 mm, p = ,5 à 1 mm). A gauche: quelques traits fins, rectilignes pour la plupart, fragmentaires, entre des écailles de la roche, sans signification évidente. Au centre: un long trait vertical un peu plus vigoureux (l = mm, p = mm).

14 - Quatre traits subverticaux, parallèles deux à deux (10 cm sur 28 de large) gravés sur la paroi gauche de la diaclase, sur un étroit bandeau, situé exactement à l'aplomb du début de la coupole, au-dessus de l'extrémité des cornes du bison 15, séparés d'elles par une fissure horizontale. R14 est à 1,25 m du sol. La surface, noire, est parsemée de quelques écailles mettant à nu la roche claire, et de quelques bourgeonnements de calcite blanche.

15 - Tête de bovin (bison probable), tournée à droite, mesurant 31 cm sur 28 environ, sans compter l'extrémité des cornes dessinées sur la paroi de la diaclase adjacente, sur un support à peu près orthogonal au plan de la tête proprement dite (le dièdre à la jonction des deux plans semble usé par les frottements). R15 est à 92 cm du sol. Le support, en auvent, concave, est l'amorce de la coupole; il est oblique à 45°, regarde vers le sol, en dehors de l'axe de la diaclase et vers le fond de la grotte (c'est-à-dire vers le centre de la coupole). La surface de la roche est couverte d'une croûte noirâtre qui recouvre le fond des traits de gravure et Icur est donc postérieure. Les traces bleuâtres du moulage de 1966 sont bien visibles. Quelques écailles récentes mettent à nu la roche calcaire claire, notamment le long du trait de contour (nous n'avons pas trouvé de documents photographiques permettant de fixer leur ancienneté par rapport au moulage). Le trait de contour de la tête est bien net (1 = 3 à 5 mm, p = 1 à 3 mm), de même que celui de l'œil (1 = 1 à 3 mm, p = 1 mm) ; ceux des cornes sont très fins (1 = 1 à 2 mm, p inférieur ou égal à 1 mm). Les traits à l'intérieur de la tête sont difficiles à étudier du point de vue technologique: ils paraissent assez larges, peu profonds et irréguliers. Cette tête est typique du style des bisons du Magdalénien moyen avec les deux cornes longues, très graciles, sinueuses, parallèles entre elles, bien implantées de part et d'autre de la tête, avec le tracé continu de l'œil et de la corne droite (la plus proche de l'observateur). Quelques particularités méritent d'être signalées: un trait prolonge l'œil, semblable au contour de la tête, et semble dessiner soit une autre tête, plus petite, mal proportionnée, soit les vestiges d'un repentir ou d'une reprise [A. Leroi-Gourhan n'a vu que ce tracé (Leroi-Gourhan, 1965, fig. 361)] ; deux images en amande, dont l'une très fragmentaire, sont gravées entre les deux traits de contour, en une position qui évoque un essai malhabile, abandonné, de représentation de l'œil. L'œil principal est fait de deux amandes concentriques (fente palpébrale et iris). Enfin cette tête de bison forme une composi­tion évidente avec le bouquetin 16, le signe triangulaire 17 et l'homme 18.

Tête de bovin, probablement un bison
Bison n°15 revelé delluc
Tête de bovin, probablement un bison - Delluc
Bison n°15 revelé Delluc



16 - Tête de bouquetin tournée vers la droite (16 cm sur JO), allongée le long du front du bison 15. Il est gravé sur la voûte de la coupole, caché dans un accident rocheux formant comme un repli, le long du front du bison: c'est sans doute la raison pour laquelle il est resté ignoré jusqu'à notre étude. Le trait, bien incisé (1 = 2 à 6 mm, p = 1 à 3 mm), n'est interrompu que par deux petites écailles. R16 est à 98 cm du sol. La tête et l'encolure sont bien visibles sur le bord du moulage de la tête du bison, mais le moulage n'englobe que la racine de la corne (la figure n'avait pas été identifiée par A. Glory). La corne, sinueuse, plaide en faveur d'un bouquetin pyrénéen. L'œil, triangulaire, est de grande taille. Le bord supérieur de l'encolure est double (reprise, effet particulier ?). Le jeu graphique (en « devinette ») par rapport au bison 15 sous-jacent est remarquable.

17 - Signe triangulaire, en queue de poisson, curieusement appelé tectiforme par A. Glory (archives Glory) (20 cm sur 16 environ), gravé, comme le bison 15 et le bouque­tin 16, sur la voûte de la coupole. La partie étranglée du tracé, ouverte (contrairement au dessin de A. Leroi-Gourhan, 1965, fig. 361), est située dans la partie concave d'un accident rocheux formant comme un repli allongé entre deux convexités. La partie la plus large s'évase en suivant l'ouverture de cet accident rocheux. Le support a pu suggérer le tracé ou être ressenti comme contraignant. R17 est à 1,03 m du sol. Le moulage de la tête du bison 15 n'inclut que la pointe la plus proche du front de celui-ci, Le trait est bien incisé (1 = 3 à 7 mm, p = 2 à 5 mm). La partie étranglée du tracé est traversée par des stries de la roche qui simulent des traits sinueux et irréguliers mais qui nous paraissent naturelles. On note à peu près le même aspect en arrière de la tête de l'homme 18. Cette image triangulaire est le centre de la composition en éventail constituée par les figures 15, 16, 17 et 18 : elle est située entre, d'une part, le bison 15 et le bouquetin 16 et. d'autre part, l'homme 18. Elle est séparée de l'homme par un long trait rectiligne, fait de deux segments successifs (1 = 4 à 5 mm, p = 1 à 2 mm), disposé en position radiale dans la composition. La portion de voûte, sous les pieds de l'homme, ou plus exactement entre le mufle du bison, le signe triangulaire et les pieds de l'homme, est marquée par une dizaine de segments de traits rectilignes, ne formant aucune image cohérente, disposés essen­tiellement en un faisceau irrégulier coupé par un trait de direction orthogonale, avec un seul trait, à section angulaire, bien incisé (1 = 4 mm, p = 3 mm). Cette image triangulaire, en queue de poisson. évoque une image vulvaire sans sillon médian. Associé aux deux reliefs de la paroi qui l'entourent et à divers traites gravés, elle a permis à J.-P. Duhard d'identifier là un tronc féminin, disposé tête bêche par rapport à l'homme 18. .

18 - Homme de profil (50 cm de haut sur environ 22 de large), tourné vers la gauche. Il est gravé au sommet de la coupole, sur un support presque plafonnant, incliné de 10 sur l'horizontale, regardant en dehors de l'axe de la diaclase et vers le bas (ni vers l'entrée ni vers le fond de la grotte) : la tête est en partie basse (R18 à 99 cm du sol) et les pieds en partie haute (R'I" à 108 cm du sol). Les irrégularités de la surface ont été mises à profit pour donner du relief à la silhouette : le trait de la tête cerne un petit relief arrondi; la poitrine est dessinée sur une zone concave, les bras sur une surface un peu convexe, comme le ventre, les jambes, enfin, sur un plan. L'axe de la silhouette est à peine oblique par rapport à l'axe de la diaclase, la tête étant dirigée vers le fond de la caverne et les pieds s'écartant de l'axe de la diaclase. La surface est très noire et grenue (de même que le fond des traits), altérée par la chute d'écailles superficielles. mettant à nu la roche de couleur jaunâtre; certaines écailles semblent antérieures ou contemporaines de la découverte, si on se réfère aux clichés anciens (Blanc, 1955, p. 180 ; Jacques et Pierret . 1960, p. 62) ; d'autres sont apparues entre cette date et 1959. année des photographies de J. Vertut et A. Leroi-Gourhan pour préparer la Préhistoire de l'Art occidental (Leroi-Gourhan, 1965. fig. 361) et correspondent peut-être à un premier moulage sur lequel nous n'avons pu obtenir que des informations peu précises Des traces bleuâtres marquent l'emplacement (y compris les cicatrices d'écailles) du moulage effectué les 12 et 13 avril 1966 sous la conduite de A. Glory (archives Glory ; Garcia, 1979, p. 16 et conservé à l'Institut de Paléontologie humaine à Paris, mais aucun arrachement ne semble pouvoir lui être imputé. Enfin. l'emplacement de la tête est le siège du développement d'efflorescences blanchâtres, qui semblent proliférer depuis peu et que nous avons particulièrement remarquées lors d'une visite avec M. Lorblanchet le 23-12-1986. La silhouette est fermement tracée avec des traits assez larges (1 = 2 à 10 mm) et profonds (p = 1 à 5 mm) volontiers à section angulaire à leur origine (en particulier près de l'angle joue-cou et au départ de l'aine), puis à section recticurvi­ligne, comme si la forme du trait était fonction de la position plus ou moins confortable du graveur, assis dos à la diaclase, face à l'abdomen de l'homme. Des sillons naturels sinueux (analogues à ceux observés sur le signe triangulaire 17) encadrent le crâne et la nuque, simulant une chevelure.

Homme n° 18 - Delluc
Homme n°18 - Relevé Delluc
Sorcier Saint-Cirq premier calque relevé de l'Abbé Glory
Homme n° 18 - Photo Delluc
Homme n°18 - Relevé Delluc
Premier calque du sorcier par l'Abbé Glory (1953)

Notre relevé synthétique est très proche de celui de A. Roussot (Roussot, 1980, pp. 16-17) et de celui, schématique, de A. Leroi­(Leroi-Gourhan, 1965, fig. 361). Il diffère assez notablement de celui effectué rapidement par A. Glory le soir de la découverte (Delluc, 1982, p. 148), en particulier au niveau de la ête et des épaules. La silhouette est complète. L'homme est représenté nu, de profil. Un trait circulaire, dessinant le crâne. cerne un relief arrondi mis à profit pour figurer la tête, ronde: l'œil, l'oreille et le menton sont minutieusement gravés ; en revanche, des aspérités naturelles tiennent lieu de face, donnant à ce visage un aspect très géométrique, mais non caricatural. Les épaules sont fuyantes. Les membres supérieurs, tendus vers la diaclase, sont figurés l'un au-dessus de l'autre, sans mains, avec seulement une très légère flexion au niveau des coudes et des poignets, dans une attitude qui peut correspondre seulement à l'explicitation du schéma corporel. Le volume abdominal, ballonné, évoque la femme enceinte au renne de Laugeric-Basse (Leroi-Gourhan, 1965, p. 262), mais le personnage est pourvu d'un sexe masculin indiscutable, hypertrophié. Pour D. Vialou, « le « Sorcier» de la grotte de Saint-Cirq (Dordogne), l'homme gravé de la petite grotte de Sous-Grand-Lac honorent sans modestie la masculinité paléolithique », expression manifeste mais non narrative de la sexualité de ces populations préhistoriques (Vialou, 1987, p. 74).

La verge, serni-flaccide , est prolongée par un trait arciforme : il peut s'agir de la représentation d'un acte physiologique. Les deux membres inférieurs, figurés l'un au-dessus de l'autre, terminés par un pied triangulaire, sont en triple flexion (demi-flexion des pieds sur les jambes, des jambes sur les cuisses et des cuisses sur le bassin). Le personnage est figuré en une position assise, mal représentée : le tronc est fléchi en avant sur les cuisses (de 20° environ, si on admet que la jambe doit tomber verticalement), sans lordose lombaire; les bras sont projetés en avant et en haut, et la tête est rejetée en arrière (également de 20°). Cette silhouette humaine est très proche de celle gravée dans la grotte, assez proche, de Sous-Grand-Lac: les épaules fuyantes, le ventre ballonné leur donnent un aspect gynoïde mais la présence d'un sexe imposant les rend "notoirement" masculines (Leroi-Gourhan, 1965, p. 262 ; Delluc, 1971,1982). On peut les rapprocher de l'homme à tête bestialisée et au sexe érigé, gravé sur une rondelle d'os du Mas d'Azil (Ariège) (Magdalénien IV), en face d'une patte d'ours tendue vers sa poitrine (Leroi-Gourhan, 1965, fig. 50), ou encore des représentations anthropomorphes d'Altamira (Breuil, 1936, pp. 74-76). Quelques courts traits, sans signification évidente, se lisent sur le corps. Quelques autres, en avant de l'homme, visibles entre les écailles rocheuses, sont groupés en deux ensembles à disposition plus ou moins étoilée.

A. Glory voyait dans cet homme un "sorcier" (archives Glory),« tant il est utile, remarque A. Leroi-Gourhan, à quelques préhistoriens, de chercher dans des mots vides d'un sens précis les précisions que les figures n'apportent pas» (Leroi-Gourhan, 1965, p. 262). Pour A. Glory, ce < sorcier» occupera désormais en préhistoire une place de choix, à côté d'un collègue à masque de cheval que l'abbé avait découvert quelques jours auparavant à Lascaux, vers trois heures du matin, au-dessus de l'ouverture du Puits, "au milieu d'un fouillis de lignes gravées superposées à deux splendides cerfs aux ramures provocantes" (archives Glory) (respectivement Lascaux n° 196, 194 et 195) (Vialou, 1979, pp. 244-246 et pl. XI a et XI b). En réalité, pour D. Vialou,« il. .. semble que la lecture et sa compréhension sont abusives ». Nous conservons de ces traits, examinés en 1975-76, un souvenir très analogue. Selon A. Glory, l'homme tenait, dans ses mains, un instrument de musique. Pour H. Breuil (lettre à A. Glory, juin­août 1953) : « Je ne sais pas du tout ce que vous désignez comme castagnettes ou bull-roarer (rhombe) [de] chasse, c'est possible mais « ces brindilles» ça je ne pige pas et ne connais pas ce qui existerait actuellement de cette désignation. Ça n'est pas du tout pour vous décourager que je dis ça » (archives Glory).

19 - Traits subverticaux gravés sur la bande de roche surbaissée qui entoure la coupole proprement dite, immédiatement en dessous des figures 15 à 18 (63 cm sur 25 environ). Le support est oblique à en moyenne ; en dehors de l'axe de la diaclase, vers le bas et vers le fond de la grotte, à peu près comme celui de la tête de bison 15. R19 est à 93 cm du sol rocheux. Le graveur devait se tenir en position semi-couché. A gauche les traits sont particulièrement bien incisés (1 = à 8 mm, p = à 4 mm), avec en particulier deux bâtonnets parallèles, bien individualisés ils rappellent ceux qui accompagnent la silhouette féminine schématique de la galerie gauche de la grotte de Comarque (Delluc, 1981, pp. 65-66). A droite du panneau, au delà d'une grande écaille en carte de géographie, un ensemble de traits plus fins, moins nets, de technique hétérogène (l = à 5 mm, p = à 2 mm), pourraient être les vestiges ou l'ébauche d'une figure,

20 - Petit tracé curviligne (6 cm sur 7), situé immédiate­ment à droite des traits 19. R20 est à 2.40 m au-dessus du sol de la tranchée moderne, c'est-à-dire à 85-90 cm du sol ancien reconsti­tué. Le support est analogue à celui de 19. Le trait est assez large (l = 4 à 8 mm) mais très peu profond (p = 1 mm). Le tracé est bien individualisé et il s'agit sans doute d'un signe en « goutte »,

21 - Traits subverticaux (34,5 cm de large), situés sur le prolongement du bandeau des traits 19 et du signe 20, au-delà d'une petite coupole marquée elle-même par un long trait. Leur support regarde en bas et vers le fond de la cavité. R21 est à 2,20 m environ au-dessus du sol de la tranchée, soit à environ 60 cm du sol ancien, Deux traits (1 = 3 à 5 mm, p = 1 à 2 mm), convergents en haut (R21), sont assez lisibles.

22 - Tracé incomplet (7,5 cm sur 6), interrompu par une écaille à fond rougeâtre, Il est gravé sur une convexité de la voûte qui regarde en bas, vers l'axe de la diaclase et un peu vers le fond de la grotte, sur un registre de la voûte immédiatement sous-jacent au panneau des traits 23. R22 est à 2,24 m du sol de la tranchée moderne. Le trait est assez net (l = 6 à 10 mm, p = 3 à 6 mm), Le tracé semble correspondre aux vestiges d'une figure' peut-être une tête tournée vers la droite et dont le crâne manquerait, ou bien un signe quadrangulaire avec un trait médian.

23 - Traits pectinés (fig. 26, 28 et 29), verticaux, gravés sur un panneau subrectangulaire , concave, en alvéole (45 cm sur 30 environ), sous un auvent et au-dessus d'un accident de la roche formant une petite vire. Le support de ces traits, couverts d'une croûte sombre, incliné à 45°, regarde vers la diaclase et vers le bas, c'est-à-dire vers le centre de la coupole. Il forme un angle de 120° avec le support de la figure 24, Les traits, peu incisés (1 = 1 à 3 mm, p = 1 mm environ), apparaissent en noir particulièrement soutenu sur le fond brun foncé. Ils évoquent des pseudo-griffades (Delluc, 1985, pp. 59-60).

24 - Tête humaine au visage bestialisé, tournée vers la droite (10,5 cm sur 9,5 ; et plus précisément 6,5 cm de l'oreille au front), R24 est à 113 cm du sol rocheux. Le support est une large et profonde concavité rectangulaire de 42 cm de large, 32 de haut et 18 de flèche, formant une micro-vire en bas. Son plan moyen est oblique à 45", Il regarde en bas, vers l'axe de la diaclase et un peu vers l'entrée de la grotte, c'est-à-dire vers le centre de la coupole. Actuellement, la surface de la roche est claire: la croûte noirâtre superficielle, fragile, a disparu, semble-t-il, avec le moulage effectué en avril 1966, sous la conduite de A. Glory (archives Glory). Le tracé ne subsiste plus que par quelques lambeaux de traits fins, cependant parfaitement identifiables (1 = à 4 mm, p = à 2 mm). En revanche, la lecture du tracé est très claire sur le moulage présenté dans le musée (tant sur le négatif que sur le tirage). Il s'agit d'une tête au front arrondi, gravée dans le quart supérieur droit du panneau, près de la limite supérieure, sans autre indication du crâne. Le massif facial est projeté en avant, bestialisé comme celui de la tête humaine n° 25, avec deux traits pour représenter le nez et la bouche. Le menton est pointu et l'angle de la mâchoire figuré. L'œil, ovale, et l'oreille, en parenthèses, sont minutieusement gravés. Deux petits traits sur le haut du crâne peuvent évoquer une chevelure. La tête est penchée en avant, basculée d'environ 50° sur la verticale, regardant pratiquement en bas. Pour A. Leroi-Gourhan (1965, p. 262 et fig. 361), il s'agit d'« un bison ou (d') un visage humain bestialisé ». Ce panneau comportait, pour A. Glory, plusieurs figures (pour nous: la tête n" 24 proprement dite), un cheval, un cervidé, deux têtes animales et peut-être une troisième (comme l'indique son calque) (archives Glory). Les vestiges conservés sur la paroi sont trop altérés pour permettre la discussion de toutes ces interprétations. Cependant l'observation du moulage nous conduit à n'identifier avec certitude que la tête humaine bestialisée n" 24, les deux identifications animales (bison pour A. Leroi-Gourhan et bouquetin pour A. Glory) ne pouvant être retenues (menton pointu, forme de la joue). Pour nous, ce tracé ressemble avant tout aux têtes humaines au massif facial projeté en avant, bien connues au Magdalénien moyen, en particulier à Marche (Magd. III) (Pales, 1976, pp. 20-25) et à la Madeleine (Magd. IV) et à Comarque (Delluc, 1981, pp. 49-51). Avec la disparition de A. Glory, ce tracé, maintenant à peine lisible sur la paroi, avait été totalement oublié. C'est la découverte du moulage, auprès des moulages des trois autres panneaux bien connus de Saint-Cirq (n° 15, 18, 25 à 27), qui nous a permis de faire le rapprochement avec la grotte de Saint-Cirq et de retrouver les vestiges du tracé sur la paroi desquamée (5). Le reste du panneau est parcouru par quel9ues traits rectilignes, plus ou moins verticaux, continuation possible de l'ensemble 23, sans lien figuratif direct avec la tête humaine bestialisée.

Tête humaine bestialisée n°24
Tête humaine bestialisée n°24 - relevé Delluc
Tête humaine bestialisée n°24 Positif du moulage de 1966
Tête humaine bestialisée n°24 - relevé Delluc



25 , Tête humaine au visage bestialisé, appelée « ours « par A. Glory (archives Glory) (10,5 cm sur 9,5), gravée sur une lame rocheuse formant la paroi gauche de la diaclase, Immédiatement au-delà de la coupole. Elle occupe la partie gauche du panneau des figures 25 à 27. (46,5 cm de large sur 19 de hauteur). La paroi est inclinée de 45° ; elle regarde en bas, vers l'axe de la diaclase et très légèrement vers l'entrée de la grotte. R25 est à 92 cm du sol rocheux de la diaclase. La surface est noirâtre, avec des efflorescences de calcite blanche dans la partie inférieure du panneau. Des micro-strates parallèles entre elles, à concavité supérieure gauche, traversent la tête. Des traces bleuâtres délimitent la surface moulée en 1966, qui comprend les unités graphiques n° 25 et 27 et la petite silhouette intermédiaire n° 26. A certaines époques, on note une importante condensation au niveau des plages moulées, comme si les produits de moulage avaient imperméabilisé la roche. Le tracé 25 est réalisé avec un trait d'une extrême finesse, de l'ordre du millimètre de largeur et de profondeur pour le contour de la tête, de l'ordre du demi-millimètre pour l'œil. La tête, au crâne complet, arrondi, terminé par une sorte de chignon, au visage projeté en avant, bestialisé selon la terminologie de A. Leroi-Gourhan, est certainement celle d'un humain, en raison même de la forme très particulière du crâne. Un trait en crochet dessine un appendice nasal tombant et deux autres en V une bouche au prognathisme alvéolaire prononcé. L'œil est losangique. L'oreille n'est pas figurée. Le menton est fuyant. Une importante concavité creuse la joue, tandis que la face est sur une surface plane. Malgré ces quelques détails, cette tête est exactement du même type que la tête 24. Elles ont toutes deux des dimensions voisines de 10 cm sur 10, tout comme la tête du personnage complet n" 18. La tête 25 est gravée nez à nez avec le cheval 27. Cette association indiscutable vient à l'appui d'une relation entre tête humaine bestialisée et cheval, soulignée par A. Leroi-Gourhan (Leroi-Gourhan, 1965, p. 96) et que conteste L. Pales (Pales, 1976, pp. 49-50). En revanche, le tête-à-tête de Saint-Cirq n'apporte pas d'élément en faveur de l'hypothèse d'une identification du cheval au symbole mâle, ni de la tête bestialisée au sexe masculin (Leroi-Gourhan, 1965, p. 96). On peut, en effet, imaginer que dans le groupe 25-27, les protagonistes sont complé­mentaires entre eux (l'un serait masculin, l'autre féminin), ou bien qu'ils sont tous deux complémentaires de la petite silhouette féminine 26 (les deux seraient alors masculins). Cependant, comme l'analyse très judicieusement D. Vialou : «Lorsque la bestialisation résulte entièrement d'un dessin et non plus de suggestions rocheuses plus ou moins caractérisées, le rapport symbolique entre l'homme et l'animal est évident » (Vialou, 1987, p. 80).

Tête bestialisée - Sihouette gynoïde - Cheval
Tête bestialisée - Silhouette gyboïde - Cheval
Tête bestialisée - Sihouette gynoïde - Cheval
Tête bestialisée - Silhouette gyboïde - Cheval - Relevé Delluc



26 - Silhouette gynoïde (7,5 cm de haut sur 2,75 de large), gravée sous la tête du cheval n° 27, dans l'angle de sa tête et de son poitrail. Son support est donc exactement le même que celui des unités graphiques n° 25 et 27. C'est une silhouette féminine, ou plutôt gynoïde, tournée vers la droite, dont l'axe est quasi vertical. Elle est réduite à une ligne ventrale rectiligne, assez courte, et à une ligne dorsale incurvée au niveau du massif fessier. Le trait, extrêmement fin, s'épaissit le long du dos et de la cuisse et sur un court segment du ventre. R26 est à 95 cm du sol. Cette silhouette, très simplifiée, peut être rapprochée de celles de la grotte de Comarque (tracés n"' 24, 33 et 16 in Delluc , 1981), dont les gravures sont datées, avec une bonne approximation du Magdalénien moyen (environ - 11 000 ans av. J.-C.), et aussi de celles de la grotte de Fronsac (Carcauzon, 1984 ; Delluc, 1996), sans parler des silhouettes féminines plus ou moins complexes, gravées sur les dalles rocheuses des gisements magda­éniens de Gônersdorf', Lalinde et de la Gare de Couze.

27 - Avant-main de cheval probable, au tracé très simplifié, tourné vers la gauche. Le tracé mesure 26,5 cm de large sur 17,5 de haut. Il est gravé face à face avec la tête humaine 25 et forme avec elle une sorte de « scène ». R27 est à 102 cm du sol rocheux de la diaclase. A son niveau, la paroi est parcourue par de petites fissures horizontales, qui ont été utilisées pour suggérer le dos de l'animal. Seuls sont nettement gravés la tête au chanfrein rectiligne, au mufle étroit, l'œil rond, le poitrail. Au-dessus de la tête, un trait subvertical fait discuter un bois de cervidé, mais il paraît trop solitaire pour que l'hypothèse soit retenue. Sur le poitrail, des traits en ogive et en trident évoquent plus un rendu malhabile de l'épaule et du membre antérieur que le tracé d'un signe géométrique. Mais cette dernière interprétation peut se discuter (Leroi-Gourhan, 1965, p. 262). Le tracé est obtenu par des traits bien incisés pour la tête et le poitrail (l = 2 à 4 mm, p = 1 à 2 mm) ; celui de la crinière est plus large et irrégulier (1 = 7 à 8 mm, p = 1 à 2 mm).


28 - Animal fragmentaire (43 cm de large sur 37 de haut), gravé sur une surface à peu près plane, plafonnante, regardant en bas. R28 est à 70 cm du sol rocheux sous-jacent (le graveur était donc couché sur le dos). La surface est altérée par une quinzaine d'impacts de coups modernes, non patinés (0,5 à 1,5 cm de diamètre). Ce tracé a été découvert par M. et L. Dams. Il est fait d'un trait large (1 = à mm), peu profond (p = à mm), aux bords émoussés, et dessine le dos, le poitrail et, peut-être, le contour allongé de la cuisse d'un animal (cheval ?).


Voir la première partie de l'étude : la zone d'entrée de la grotte de Saint-Cirq


Texte publié avec l'autorisation de Brigitte et Gilles Delluc.

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Mise en ligne le 01/02/10