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Inuk, un ADN humain de – 4000 ans reconstitué !
C’est une grande première pour les études de l’ADN de nos ancêtres… (2010)
Une équipe internationale dirigée par le Professeur Eke Willerslev (Geogenetic, Natural History Museum, Université de Copenhague, Danemark) vient de publier les résultats de son étude sur de l’ADN ancien dans la revue Nature.
Cette équipe s’était déjà illustrée internationalement en présentant en 2009 la reconstitution complète du génome mitochondrial d’un mammouth laineux.
Cette fois c’est l’ADN d’un homme de – 4000 ans qui a été reconstitué.
Une touffe de cheveux dans un musée…
C’est en discutant avec le Dr Morten Meldgaard (Directeur du Musée d’Histoire Naturelle du Danemark) que le le Pr Willerslev a appris qu’une touffe de cheveux avait été retrouvée au Groënland dans les années 80. Cette découverte était conservée au Musée National du Danemark.
Après avoir eu les permissions nécessaires à son étude, l’équipe a utilisé différentes techniques de séquençage pour décrypter le génome.
Les premières conclusions de l’étude
Près de 80% du génome nucléaire ont pu être reconstitués, soit 3 milliards de paires de bases.
Grâce à ce profil génétique, les chercheurs ont pu établir que la touffe de cheveux appartenait à un Homo sapiens mâle, génétiquement adapté aux températures basses. Son groupe sanguin était A +, il avait une certaine tendance à la calvitie (!), les yeux bruns, la peau relativement foncée. L’étude a également révélé ses prédispositions génétiques à certaines maladies (comme l’otite, du fait d’un cérumen sec) ainsi qu’une forme particulière de dentition (en forme de pelle)…
La découverte d’une touffe de cheveux fournie et épaisse laisse penser que cet homme est mort relativement jeune.
Un homme brun, à la peau mate et aux yeux bleus
Les tests génétiques révèlent que ce chasseur-cueilleur avait une combinaison génétique inhabituelle, avec une peau et des cheveux foncés et les yeux bleus.
Pour le chercheur Carles Lalueza-Fox (CSIC) : « …la plus grande surprise a été de découvrir que cet individu possédait des versions africaines dans les gènes qui déterminent la pigmentation des Européens actuels, ce qui indique qu’il avait la peau sombre, même si nous ne pouvons pas savoir quelle était la teinte exacte. » Et il ajoute : «Encore plus surprenant, nous avons constaté qu’il possédait les variations génétiques qui produisent les yeux bleus chez les Européens actuels, entraînant un phénotype unique dans un génome qui est par ailleurs clairement Europe du Nord « .
Une ancienne population sans descendance
Cet homme, baptisé Inuk (pour « homme » dans la langue groënlandaise) appartenait à l’une des premières tribus qui ont colonisé le continent américain par l’Arctique (Détroit de Bering) il y a entre 4400 et 6400 ans : la culture paléo-esquimaude de Saqqaq. Cette population du Néolithique était principalement localisée dans l’ouest du Groënland et se nourissait principalement de phoques et d’oiseaux de mer.
Les Saqqaqs, génétiquement différents des Amérindiens et des ancêtres des Inuits, n’ont pas laissé de descendance dans la population actuelle des Amériques.
Inuk appartenait donc à une population aujourd’hui disparue.
Ces nouvelles techniques d’étude de l’ADN humain, même ancien, laisse entrevoir de nouvelles pistes pour la recherche des ancêtres de l’homme : localisation, migration, extinction…
C.R.
Sources
BBCNews
SciencesDaily
Sciences et avenir
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