Ötzi, nouvelle étude génétique de la momie la plus célèbre d’Italie

Les dernières recherches sur l’homme des glaces tyrolien néolithique, Ötzi, donnent de nouvelles informations sur son apparence et ses origines. Il est très différent des représentations habituellement utilisées dans la presse : peau foncée, yeux foncés et une calvitie prononcée.

Ötzi, 30 ans de recherches

L’Homme des glaces du Tyrol, découvert en 1991, est la plus ancienne momie du Néolithique. Datée de 5300 ans, elle est, grâce à la glace, très bien conservée pour son âge ! Depuis 30 ans les études sur cet individu se sont multipliées. Les scientifiques de Bolzano ont ainsi pu déterminer son habillement, ses outils, ses armes, les raisons de sa mort, son dernier repas, ses nombreux tatouages… En 2012, une étude de son génome avait permis aux chercheurs de renseigner ses origines, la couleur de ses yeux et de sa peau ainsi que sa pilosité fournie.
Ces conclusions de 2012 viennent d’être remises en cause par de nouvelles études avec lesquelles les chercheurs ont généré un génome à couverture élevée, plus pur et sans pollution par de l’ADN moderne.

Nouvelle étude génétique

Les chercheurs, dont Johannes Krause (Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Allemagne) et Albert Zink (Eurac Research – Institute for Mummy Studies, Italie), ont de nouveau séquencé le génome d’Ötzi en utilisant des technologies de séquençage plus récentes pour produire un génome de meilleure qualité et non pollué. 
Pour l’archéogénéticien Johannes Krause « L’analyse du génome a révélé des traits phénotypiques tels qu’une pigmentation cutanée élevée, des yeux foncés et une calvitie masculine qui contrastent fortement avec les reconstructions précédentes qui montrent un homme à la peau claire, aux yeux clairs et assez poilu ».
Le nouveau portrait correspond plus à la momie actuelle dont la peau est foncée et qui n’a pas de poils. En 2012 les scientifiques avaient attribué ce décalage par le fait qu’Ötzi avait passé plus de 5 000 ans dans la glace et que sa peau s’était tannée par le froid. »C’est le teint le plus foncé qui ait été enregistré chez les Européens contemporains« , explique l’anthropologue Albert Zink (Eurac Research), co-auteur de l’étude.
Des gènes présentant un risque accru d’obésité et de diabète de type 2 ont également été trouvés dans le génome d’Ötzi, mais ces facteurs n’ont probablement pas pu s’exprimer en raison du mode de vie sain de l’Homme des Glaces. .

Les origines d’Ötzi

Les études antérieures suggéraient une étroite affinité génétique entre l’homme des glaces et les Sardes actuels. Mais avec les nouvelles études génomiques les chercheurs affirment maintenant qu’Ötzi avait à plus de 90% des ancêtres agriculteurs venant d’Anatolie. Lui-même appartenait à une population alpine assez isolée avec un flux génétique limité provenant de groupes de chasseurs-cueilleurs.
Johannes Krause indique « Nous avons été très surpris de ne trouver aucune trace des bergers des steppes d’Europe de l’Est dans le nouveau génome d’Ötzi, et la proportion de gènes de chasseurs-cueilleurs est également très faible ». Il rajoute : « génétiquement, il semble que ses ancêtres soient venus directement d’Anatolie sans se mélanger aux groupes de chasseurs-cueilleurs ».

L’équipe de recherche conclut que l’Homme des glaces provenait d’une population relativement isolée qui avait très peu de contacts avec d’autres groupes européens.

C.R.

Sources
High-coverage genome of the Tyrolean Iceman reveals unusually high Anatolian farmer ancestry
Ke Wang,  Kay Prüfer, Ben Krause-Kyora, Ainash Childebayeva, Verena J. Schuenemann, Valentina Coia, Frank Maixner, Albert Zink, Stephan Schiffels, Johannes Krause.

Image d’Ötzi sans rapport avec la nouvelle étude :
Le site de l’illustrateur Tom Bjorklund : https://www.tombjorklund.fi/


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