Lascaux à Paris
Lascaux débarque à Paris !
Porte de Versailles
Pedro Lima

L’exposition Lascaux à Paris va permettre de découvrir, du 20 mai au 30 août 2015, des panneaux ornés méconnus de la célèbre grotte ornée périgourdine. Une visite à réaliser en famille, idéale pour préparer l’ouverture, en 2016, d’une réplique intégrale.

Peu de sites, à travers le monde, symbolisent autant que la grotte de Lascaux, révélée en septembre 1940 à Montignac en Dordogne, le génie des artistes de la préhistoire et au delà, la créativité infinie et universelle de l’esprit humain. Sur les parois de cette cavité enchantée, 1963 figures ont été déposées il y a 20 000 ans par des peintres au talent éblouisssant, capables d’inventer une palette polychrome inégalée dans l’art paléolithique, et maîtrisant des techniques qui laissent encore bouche-bée, aujourd’hui, les spécialistes qui les étudient. Peinture, gravure, maîtrise des reliefs, anamorphose, représentation du mouvement des animaux, tout ce qui s’apprend aujourd’hui dans les écoles d’art est à l’oeuvre sur les parois couvertes de chevaux, cerfs et aurochs saisissants de vie et de couleurs. Depuis la fermeture de Lascaux en 1963, pour cause de dégradations causées par les visites, c’est le fac-similé Lascaux II qui permet au public d’en admirer les merveilles. Problème, il ne contient pas toutes les peintures de l’originale, en particulier celles de la Nef, du Passage et du Puits, tout aussi somptueuses que celles de la Salle des Taureaux et du Diverticule axial. C’est tout l’intérêt de cette exposition itinérante, qui débarque à Paris après un tour du monde entamé à Bordeaux en 2012 et qui l’a emmenée de Chicago à Montréal en passant par Bruxelles… Avant de partir vers l’Asie.

Dans une ambiance de caverne reconstituée sous une tente de vastes dimensions, on peut en effet admirer les panneaux de la Vache Noire, de l’Empreinte ou la Scène du Puits, indispensables pour comprendre la complexité du projet artistique conçu il y a 20 000 ans par nos ancêtres de la période solutréo-magdalenienne. Comme le précise Germinal Peiro, président du Conseil départemental de la Dordogne à l’origine du projet, “le défi relevé par “Lascaux, l’Exposition Internationale“, dit Lascaux 3, est de faire sortir la plus célèbre grotte ornée du monde de son écrin périgourdin et la présenter à un public international, et faire découvrir une reproduction fidèle au millimètre près d’une partie de la grotte qui n’a jamais été reproduite ».

La scène du Puits copyright Denis Nidos CD24 Au fond du Puits, se situe la célèbre peinture de l’Homme face à un bison fonçant. Cette silhouette rudimentaire, seule représentation humaine de la grotte, est le personnage central d’une scène narrative. Étendu sur le dos, il est menacé par un bison, fonçant sur lui, éventré par une longue sagaie et perdant ses entrailles. La présence d’un animal blessé et souffrant, d’un oiseau et de deux possibles armes de chasse, ajoute encore à l’étrangeté de ce décor.

Les copies de Lascaux présentées à Paris ont été réalisées à l’Atelier des Facs-similés du Périgord, à Montignac, au terme d’un travail particulièrement minutieux, fruit d’un savoir-faire unique au monde développé depuis les années 1980. Ainsi, la réalisation d’un seul panneau, comme celui de la Frise des Cerfs a pris plus d’une année. Les techniques font appel au relevé 3D de la cavité, réalisé dans Lascaux au début des années 2000. La forme des parois peut ainsi être reproduite avec une grande précision, avant que les plasticiens ne peignent des figures, sous projection de photos prises, elles-aussi, face aux peintures originales. “Chaque animal reproduit a été photographié à Lascaux sous trois éclairages différents, lumière frisante gauche, lumière frisante droite et lumière frontale. En projetant ces images sur la paroi en cours de décoration, nous nous affranchissons des ombres projetées par le relief, pour aboutir à une copie à l’identique”, explique Francis Ringenbach, directeur artistique de l’AFSP.

Le public peut admirer des panneaux ornés absents de Lascaux II. copyright JML CD24

Au delà des cinq panneaux restitués à Paris (Panneaux de l’Empreinte, des Bisons adossés, de la Vache Noire, des Cerfs et du Puits), les visiteurs seront immergés dans le secret de Lascaux pour s’en approprier la magie, comme le souligne Olivier Retout, directeur du projet, à travers des moyens muséographiques de pointe. Ainsi, Un astucieux dispositif dit de la « lumière noire » - en alternance avec la lumière « naturelle » et tremblante des lampes à huile - permet de faire saillir dans la pénombre les gravures, indiscernables à l’œil nu, qui soudain scintillent en fluorescence et dévoilent la maîtrise du trait de nos lointains ancêtres. A un autre moment, le visiteur plonge dans une visite virtuelle en 3D dans la Salle des Taureaux et le Diverticule Axial de Lascaux 2, grâce à un principe de lunettes passives qui propose une rencontre étonnante avec des copistes en plein travail ! Enfin, Un ensemble de mobilier multimédias permet aussi au public de réaliser lui même un relevé trigonométrique ou encore de faire un relevé en 3D d’une paroi à l’aide d’un scanner.

La Vache Noire copyright Denis Nidos CD24 Il est situé sur la paroi de la Nef, à plus de 3m du sol. Cette figure de bovin a été exécutée en trois temps : ébauche gravée, remplissage de pigment noir par soufflage ou tamponnage et sur-gravure des contours. Des détails sont peints au pinceau. Elle est typique du style Lascaux. Cette vache se superpose à une frise d’environ 7m de long, faite d’une vingtaine de petits chevaux, marchant en sens inverse.

Le public peut s'approprier et comprendre les peintures pariétales inventées il y a 20000 ans.
Copyright Pierre Baudier CD24