Âge du Bronze

L’âge du Bronze est la première période identifiée de l’âge des Métaux. Nous sortons de la préhistoire pour rentrer dans la Protohistoire. Dans les faits c’est plus une évolution des techniques depuis le néolithique qu’une rupture. Cette évolution va avoir un impact important sur le mode de vie et l’organisation de la société.

Les hommes et les femmes de l’âge du Bronze sont majoritairement sédentaires depuis le néolithique, Les populations perfectionnent leurs techniques agricoles et deviennent peu à peu des artisans hors pair de la métallurgie du bronze. 
Cet alliage, très recherché pour fabriquer des outils, des armes et des parures. Il va véritablement toucher la vie quotidienne des populations. Il nécessite toutefois d’établir de nouveaux circuits à travers l’Europe afin de s’approvisionner en cuivre et en étain car les gisements ne sont généralement pas établis dans les mêmes régions.
Ces nouvelles routes d’échanges vont permettre également d’échanger d’autres matières premières comme le sel, l’ambre, l’argent et même l’or…

Paléolithique	Mésolithique	Néolithique
	Âge du Bronze

Le préhistorien Jean-Paul Demoule précise que « L’âge du Bronze fait partie du « système des trois âges» défini dès les débuts du XIXe siècle par le Danois Thomsen – avec celui de la Pierre et celui du Fer. Mais, loin d’être universel, cet « âge » n’existe vraiment qu’en Eurasie, et recouvre des réalités historiques diverses. En Europe occidentale, il s’étend de 2200 à 750 environ avant notre ère ; il est précédé par le Chalcolithique (ou âge du cuivre) et suivi par l’âge du Fer.« 
Le préhistorien Jean Zammit souligne que cette chronologie de l’Âge du bronze est pertinente pour l’Europe occidentale uniquement… Il précise « En effet, les cultures préhistoriques de l’Europe de l’Est et du Proche-Orient ont connu ce métal dès la fin du IVe millénaire avant notre ère, soit près de 1 400 ans plus tôt, alors que les premiers cuivres étaient utilisés en Bulgarie dès le Ve millénaire avant notre ère…« 

Chronologie de la période

Bronze ancien
2300/2000 – 1600/1500 avant Jésus-Christ
Au début de l’âge du Bronze les objets réalisés sont assez rares.
En Europe occidental c’est très progressivement que le bronze va devenir une activité importante : l’agriculture et l’élevage restent les moyens de productions majoritaires. Les besoins en matières premières pour fabriquer le bronze, comme l’étain vont participer au développement des premières « voies commerciales ». Les échanges se multiplient et promeuvent la circulation des biens et des personnes. Les artisans vont négocier leur production (armes, tissus, poteries, ornements, outils…) contre des matières premières comme les farines, les légumineuses, la viande… (3)

Bronze moyen
1600/1500 – 1300/1200 avant Jésus-Christ
Le bronze devient d’emploi plus courant et les utilisations se diversifient.
A coté des paysans (agriculteurs et éleveurs) de nouveaux métiers prennent de plus en plus d’importance, comme les charpentiers, les potiers et surtout les métallurgistes. Ces nouvelles activités participent à une organisation de la société autour de métiers. Les échanges s’intensifient et des régions ou des villages qui détiennent des gisements de métaux voient leur pouvoir grandir. Cette nouvelle puissance va générer de la prospérité dans certains villages qui pourront édifier des sépultures gigantesques (tumuli) nécessitant le travail et la mobilisation d’une partie non négligeable de la population. Qui dit richesse dit vol et convoitise… ce qui va entraîner un besoin de sécurité et de protection dans la population. Une caste de guerriers va se développer dont le pouvoir va être directement lié aux aléas des guerres entre clans et communautés. (3)

Bronze final
1300/1200 – 750 avant Jésus-Christ
Au Bronze final les communauté sont souvent controlées par des chefferies avec à leur tête des sortes de « prince » qui sont friands d’honneur, de parures et de prestiges. Tous ces « trésors » attirent des peuples venus d’Europe Centrale qui apportent également leur propre culture. L’armement se spécialise et on découvre dans les tombes de grandes épées travaillées, et également les début d’une nouvelle a attache pour les vêtements : la fibule. L’un des chocs culturel entre populations indigènes et les migrants est l’incinération comme nouveau rite funéraire.

Des communautés « économiques »

Composition du Bronze
Bronze: le bronze est un alliage de cuivre et d’étain, dans des proportions moyennes de 90% de cuivre et 10% d’étain. Parfois, à la fin de l’Âge du Bronze, on y ajoute une certaine proportion de plomb.

Les bénéfices du Bronze

Le bronze lui-même est un alliage de cuivre et d’étain – ce dernier pour un dixième environ. Il permet d’obtenir des objets beaucoup plus résistants que ceux, en cuivre, produits durant le Chalcolithique, et avec des formes plus complexes, notamment dans le domaine des armes offensives et défensives, mais aussi des parures (torques, bracelets, anneaux de cheville, fibules, épingles, perles), des outils (marteaux, enclumes, faucilles, haches), et même des récipients d’apparat et des figurines. Il reste un matériau rare, d’autant que les gites de cuivre et ceux d’étain se trouvent en général dans des régions distinctes. Il reste donc réservé à des objets de prestige pour les élites, et ne constitue pas vraiment une innovation technique décisive.

Un impact sur la société

Pour le préhistorien Jean-Paul Demoule l’âge du cuivre « ne représente pas non plus une rupture historique, mais ne fait que poursuivre les transformations politiques et sociales du Chalcolithique, c’est-à-dire l’émergence de sociétés dites « à chefferies », hiérarchisées, aristocratiques et en partie guerrières. L’archéologie repère la circulation de biens de prestige d’un bout à l’autre du continent, l’ambre de la Baltique ou les épées de Scandinavie se retrouvant jusqu’en Grèce, le char de guerre à roues à rayons se répandant partout, et les unions matrimoniales de l’élite s’effectuant sur de longues distances, comme le montrent les analyses du strontium ou de l’ADN des squelettes. Les représentations d’armes, de guerriers, se multiplient, tout comme celles du soleil et des astres, images d’un cosmos hiérarchisé à l’instar de la société.« 

L’agriculture source principale de l’alimentation

Les hommes et femmes de l’âge du Bronze travaillent majoritairement dans l’agriculture. Les cultures principales sont constituées de l’amidonnier, de l’engrain et de l’orge, mais d’autres céréales sont développées comme le froment, le millet commun, l’avoine et l’orge. Les pratiques agricoles s’améliorent et les terres cultivées s’étendent car les céréales sont la base de l’alimentation pour la plus grande partie population en extension. Si la viande n’est pas régulièrement au menu, ce dernier est amélioré avec certaines plantes (lin, pavot…), les premières légumineuses et la cueillette des fruits comme les glands, les pommes, les noisettes…
Pour préparer les repas et conserver au quotidien les céréales, les légumineuses et les liquides, les populations n’abandonnent pas la fabrication et l’artisanat de la céramique.

Un habitat disséminé

À l’âge du bronze, les constructions humaines ne sont pas fréquentes et plutôt disséminées dans le paysage : des fermes isolées quelques hameaux et très rarement des grandes maisons.
Les bâtiments dont on a retrouvé l’empreinte dans le sol ont des formes rectangulaires ou circulaires. I n’y a pas d’homogénéité et il semble que cela soit la fonction de la construction (maison, étable, atelier…) qui détermine sa taille.
Comme à l’époque précédente (néolithique) les habitations sont fabriquées avec du bois taillé, de la terre et de la chaume. Il est également possible que certaine habitations n’aient pas été « ancrées » dans le sol mais juste posées, ce qui limite les traces archéologiques.
Pour développer de nouveaux champs et des lieux d’habitation, la déforestation s’amplifie et les haches en bronze sont d’une efficacité redoutable…

Les sépultures à l’Age du Bronze

Jusqu’à la fin de l’âge du bronze, les populations construisent aussi bien des sépultures individuelles que des sépultures collectives. Les monuments sont parfois démesurés formés d’un entassement de pierre ou de terre (tumulus), nécessitant un grand nombre d’ouvriers pour leur construction… dans tous les cas c’est manifestement un acte volontaire de la communauté. A l’intérieur des sépultures on retrouve un mobilier funéraire constitué d’objets ou d’artefacts comme des armes, des parements qui permettent dans certains cas d’en savoir plus sur le métier ou le statut social des individus. Objet principal de sépultures, les corps ont fait l’objet d’une simple d’inhumation ou d’une pratique funéraire comme l’incinération.

La société de l’Age du Bronze

L’Âge du Bronze marque une évolution plus qu’une rupture avec le Néolithique. Dans la société, majoritairement rurale, avec le développement de la métallurgie du bronze apparait une diversification sociale plus marquée, et même l’établissement d’une certaine hiérarchisation. Le bronze est l’une des premières richesses (avec d’autres minéraux) qui peut non seulement se conserver mais également se recycler (par la refonte). C’est également une ressource facile à échanger, même entre des populations habitant à plusieurs centaines de kilomètres : une sorte de commerce se développe à travers l’Europe. Les régions riches de minéraux vont s’imposer comme des lieux important de commerce.
Facile à thésauriser (premiers pas du capitalisme ?), le bronze est probablement une nouvelle source de conflits entre les individus. Parallèlement à l’artisan du Bronze on voit apparaitre d’autres spécialité comme l’homme en armes et le chef guerrier. « La lutte pour la suprématie sociale et économique engendre une production somptuaire à l’usage des puissants ou des dieux, mais aussi la multiplication des dépôts, symptômes d’insécurité et d’instabilité. » (8)

Les armes

À l’Âge du bronze apparaissent des armes de guerre spécifiques, non plus en silex mais en métal : pointes de flèches, haches, poignards. Elles vont évoluer vers des formes plus allongées, adaptées à une plus grande efficacité au combat, mais aussi à un souci évident de prestige social : épées, hallebardes, pointes de lances.

De l’art(isanat) sous forme d’éléments de parure…

L’apparition du bronze permet la fabrication en série de bracelets souvent massifs et gravés de décors géométriques. On retrouve aussi quelques anneaux, mais il est difficile de savoir s’il s’agit de parures ou d’anneaux utilitaires. Les perles et les épingles sont plus rares. La fin de l’âge du Bronze voit l’apparition de la fibule, sorte d’épingle à nourrice protohistorique. Musée d’Aquitaine à Bordeaux

C.R.

Sources Age du Bronze
1 La préhistoire en 100 questions Jean-Paul Demoule 2021
2 Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire Jean Paul Demoule 2017
3 Musée St Remi à Reims (2023)
4 Musée de Préhistoire de Carnac
5 Préhistoire de France Jacques Jaubert (2018)
6 Un million de générations Jean Chaline (2000)
7 Dictionnaire de la Préhistoire – Collectif Universalis (1999)
8 Musée d’Archéologie Nationale
9 L’Âge du Bronze en France – Laurent Carozza Cyril Marcigny (2007)
10 Vallée des Merveilles, les gravures

A lire également

2014 Intolérance au lactose… ce n’est pas nouveau !
2017 L’exogamie féminine à l’Age du bronze en Europe centrale
2023 La sépulture collective de Mentesh Tepe informe sur le rôle des mouvements de population dans la néolithisation.
2024 Boudins et lait de yack : la cuisine de l’âge du bronze des nomades mongols
2024 La pierre d’autel de Stonehenge en Angleterre provient d‘Ecosse à plus de 700 km 

Utilisation des textes ou schémas du site :
En dehors du cadre personnel, vous devez impérativement soumettre à la rédaction d’Hominides.com une demande d’utilisation des textes et/ou schémas figurant sur le site, en précisant vos motivations.
Particulièrement, la reprise d’articles, de dossiers ou de schémas, pour une publication sur internet doit obligatoirement faire l’objet d’une demande d’autorisation préalable.